Doit-on expérimenter sur les animaux ? Non
Traduction de l’article original « Doit-on expérimenter sur les animaux ? Non » pour enrichir votre argumentaire scientifique contre les expériences sur les animaux
Alors qu’une Directive européenne promet de transformer la manière de pratiquer des tests sur les animaux, un chercheur et un défenseur des animaux débattent sur la légitimité de cette pratique.
Doit-on expérimenter sur les animaux ? Non – Gill Langley
En temps que scientifique et être humain, j’ai le devoir moral de prévenir, chaque fois que cela est possible, la souffrance, que ce soit chez les humains, les rats ou des singes. Mais si l’on utilise des animaux pour faire de la recherche ou tester des produits, la douleur et la souffrance sont inévitables.
Oui, ces expériences sont réglementées, mais cette réglementation permet encore que des animaux soient infectés par des maladies mortelles et empoisonnés à mort sans aucun antalgique. Actuellement, dans des laboratoires britanniques*, des animaux sont encore brûlés, paralysés et victimes de traumatismes crâniens, de crises cardiaques et d’électrocutions.
Il est de plus en plus évident que la valeur de l’expérimentation animale a souvent été surestimée et que ses limites ont été souvent minimisées. Pendant beaucoup trop longtemps, les scientifiques qui travaillent sur des animaux ont évité d’avoir un regard critique pourtant essentiel sur leur travail. Mais à l’évidence, nombre des progrès médicaux réalisés l’ont été malgré l’expérimentation animale, et non grâce à elle.
Par exemple, le British Medical Journal a publié l’an dernier une analyse indépendante des traitements de cinq maladies humaines qui a révélé que les médicaments qui marchaient sur les animaux étaient efficaces sur les humains dans seulement 50% des cas. Ce qui revient un peu à jouer à pile ou face.
Une recherche médicale basée sur une si faible probabilité gaspille des vies animales et retarde à coup sûr la mise au point de traitements vitaux pour l’homme. Et lorsque cette recherche implique d’utiliser des primates non humains, nos proches cousins au niveau évolution, elle devient encore plus contestable.
Certains chercheurs qui utilisent des primates déclarent que ces expériences ne peuvent pas être remplacées par des méthodes ne s’appuyant pas sur des animaux. Cette affirmation est réfutée par un nouveau rapport de membres de la coalition Focus on Alternatives. Intitulé « Replacing Primates in Medical Research », ce rapport se concentre sur cinq domaines clés.
Pour chacun d’eux, il existe toute une liste de traitements qui ont échoué. Par exemple, au moins 37 vaccins contre le virus VIH qui avaient été testés sur les primates ont échoué sur l’homme ; aucun a marché. Dans le cas de traitement d’attaques cérébrales, 95 médicaments expérimentaux ont été testés avec succès sur des animaux, mais ont échoué lors de la phase des essais cliniques sur des humains.
Il est dans notre intérêt à tous de développer des techniques de recherche qui n’ont pas recours aux animaux. Cela permettrait de mettre un terme à la souffrance d’animaux et de créer de meilleurs outils de recherche et des meilleures thérapies. Le remplacement par des méthodes ne s’appuyant pas sur des animaux a déjà permis d’obtenir des progrès en médecine humaine.
Mon association, le Dr Hadwen Trust, finance le développement de techniques de recherche qui remplacent les expériences sur les animaux.
Ainsi, nous avons récemment développé à l’Institut du cancer de Londres le premier modèle de tube à essai multicellulaire tridimensionnel au monde capable de modéliser un début de cancer du sein chez la femme, ceci afin de remplacer les tests impliquant d’implanter des tumeurs dans les souris.
Cette recherche a déjà révélé que certaines cellules de tissu mammaire sain peuvent supprimer la croissance de la tumeur du sein, une activité que les cellules d’un tissu cancéreux ne peuvent réaliser.
Des études fiables et éthiques de patients humains sont aussi en train de se substituer à des expériences sur des animaux qui, selon beaucoup de scientifiques, ne pouvaient pas être remplacées. De la même manière, les défenseurs de la recherche sur les animaux affirment que seuls les animaux peuvent être utilisés pour étudier les effets de médicaments sur des organes entiers.
Cependant, nous disposons désormais de simulations informatiques avancées d’organes humains qui permettent de réaliser des expériences « virtuelles » pour prédire la manière dont un médicament affectera des groupes de patients spécifiques.
Il existe aussi une nouvelle technique appelée ARN Interférence qui permet de cibler des gènes spécifiques au sein de cellules humaines plutôt que de tester les techniques sur des animaux.
Développer des laboratoires permettant de faire progresser la médecine sans infliger douleur et souffrance à des animaux sont un objectif tout à fait réaliste et la révision en cours de la législation européenne sur l’expérimentation animale est une opportunité vitale pour mettre en place des mesures qui pourraient bénéficier tant aux animaux qu’à l’homme. Il s’agit d’une opportunité qu’il ne faut pas gâcher.
Docteur Gill Langley était jusqu’à tout récemment encore la directrice scientifique du Dr Hadwen Trust for Human Research.
* NDT : il ne faudrait surtout pas imaginer que ces actes de barbarie légalisés se déroulent uniquement ailleurs, en l’occurrence au Royaume-Uni, chez les autres, où c’est forcément pire. Ces expériences et d’autres toutes aussi odieuses, inacceptables et abominables ont lieu dans les laboratoires publics et privés du monde entier. Dont en France, l’un des deux premiers pays européens, avec le Royaume-Uni, en tête du Hit Parade de la vivisection en Europe.