La souffrance dans les laboratoires (ou toujours plus de vivisection en Europe)


Traduction International Campaigns*- Photo à titre d’illustration seulement

Recourir toujours plus à l’expérimentation animale est une mauvaise politique publique – une démarche difficile à comprendre quand de meilleures techniques de recherche existent.

Le 14 novembre 2007

Les dernières statistiques disponibles font état d’une augmentation flagrante du nombre d’animaux utilisés dans les laboratoires de l’Union Européenne – des résultats qui, au-delà des énormes souffrances qu’ils impliquent, donnent largement matière à s’alarmer. Persister à recourir à l’expérimentation animale alors même que de meilleures techniques existent est une politique publique purement et simplement mauvaise.

Il apparaît que le nombre d’animaux expérimentés a augmenté de 3,2% entre 2002 et 2005, sans même tenir compte des expériences réalisées dans les dix nouveaux États membres. Plus de 12 millions d’animaux ont été utilisés en tout, la France arrivant en tête devant le Royaume-Uni. Les statistiques officielles britanniques révèlent une tendance constante à la hausse, les chiffres atteignant un niveau record depuis 1992.

Contre toute attente, et ce malgré l’opinion publique et les exigences d’une législation stricte, le nombre d’animaux utilisés pour les tests cosmétiques enregistre une augmentation de 50%. Si même cette utilisation la plus universellement décriée des animaux échappe au contrôle de la législation et à la sanction de la réprobation publique, il est manifeste qu’une action véritable s’impose. (Bien que la Directive Cosmétiques [pdf] de l’UE prône un arrêt progressif des tests cosmétiques sur les animaux, la législation sur l’expérimentation animale ne donne aucun moyen d’imposer de la faire respecter.)

Au regard du nombre d’animaux qu’ils concernent, les tests cosmétiques ne représentent qu’un très faible pourcentage des animaux utilisés, mais l’impuissance des mesures existantes à faire baisser ces chiffres est révélatrice de la problématique de l’expérimentation animale au sens large. Prenons les exemples récents des « super souris » dont on parle tant, ces illustrations de manipulations génétiques qui représentent une manne céleste pour les éditorialistes tout en étant des exemples classiques de recherches spéculatives, qui suscitent une curiosité scientifique basée sur des déclarations fallacieuses d’un intérêt pour l’homme sur le long terme. Les souffrances des animaux sont justifiées par de sempiternelles promesses de traitements curatifs à portée de main, des promesses que n’ont pourtant jamais tenues plusieurs décennies d’expérimentation animale supposées faire progresser la recherche de vaccins contre le SIDA, la lutte contre les accidents vasculaires cérébraux, la maladie d’Alzheimer ou encore la sclérose en plaques.

Plusieurs travaux récents pointent le manque de fiabilité des expériences sur les animaux. En 2004, une étude du British Medical Journal a conclu que les revendications scientifiques cautionnant l’expérimentation animale étaient grandement anecdotiques, alors qu’une étude de 2006 faisait apparaître que les expériences sur les animaux avaient permis de prévoir les résultats sur l’homme dans un tiers seulement des cas étudiés. Plus grave encore, les chiffres de la FDA (l’agence de contrôle de l’alimentation et du médicament aux États-Unis) révèlent que 92% des médicaments déclarés efficaces lors d’expériences sur les animaux s’avèrent inefficaces voire dangereux dans le cadre d’essais sur l’homme et ne sont jamais commercialisés.

L’association PETA a passé en revue plus de 500 travaux sur le cancer réalisés sur des rongeurs afin d’en évaluer l’intérêt scientifique et la sécurité. Elle est parvenue à la conclusion que la mise en place de mesures essentielles de protection des travailleurs et de santé publique avait été repoussée de plusieurs années en raison d’une confiance aveugle dans l’expérimentation animale, laquelle ne permet pas de reproduire facilement les symptômes cancéreux qui avaient déjà été rapportés sur l’homme. À peu près une étude sur sept sur le cancer menée sur des rongeurs est jugée inadaptée ou source de résultats ambigus, lesquels sont donc rejetés par les autorités sanitaires.

Les échecs d’expériences de ce type sont bien connus des milieux scientifiques et réglementaires mais les efforts des scientifiques, des entreprises et des instances officielles pour remplacer ces tests se heurtent généralement à l’inertie, à la bureaucratie et à une apathie quasiment criminelle. De nouveaux tests de toxicité sans animaux doivent, légitimement, être validés pour en vérifier la fiabilité et la précision – mais ce processus peut prendre plusieurs années et les expériences sur les animaux proprement dites, elles, n’ont jamais eu à prouver leur valeur scientifique. Le processus de validation consiste à comparer les résultats obtenus par des techniques sans animaux avec ceux obtenus par l’expérimentation animale. On peut donc s’attendre à ce que de nouvelles techniques, pourtant plus efficaces pour prévoir les effets sur l’homme, soient jugées inefficaces sur la seule base que leurs résultats ne concordent pas avec les résultats non fiables issus des expériences sur les animaux. Retenir une procédure aussi tordue pour valider les méthodes sans animaux relève d’une situation kafkaïenne où tout est quasiment perdu d’avance.

Il est temps de mettre fin à l’approche permissive qui encourage le recours aux expériences sur les animaux. La législation européenne relative à l’expérimentation animale est en cours de révision et sera présentée aux parlementaires européens au cours des prochains mois. Bien que PETA prône l’arrêt immédiat de toutes les expériences sur les animaux et continuera à lutter pour leur abolition définitive, nous restons lucides néanmoins. Des mesures telles qu’autoriser l’accès du public aux informations relatives aux expériences sur les animaux, empêcher les expériences redondantes et, ce qui est très important, garantir une véritable évaluation de l’intérêt possible des études par rapport aux souffrances engendrées pourraient faire une différence considérable pour les animaux qui, chaque année, sont infectés, empoisonnés, objets de manipulations génétiques et de mutilations chirurgicales dans les laboratoires européens.

Enfin, nous ne devons plus donner à la légère notre feu vert au puits sans fond d’expériences discutables sur les animaux qui repoussent des mesures de protection nécessaires, induisent les chercheurs en erreur, gaspillent de précieuses ressources et font subir aux animaux des souffrances totalement inacceptables.

Source
Traduction : International Campaigns

* Texte diffusé à titre informatif. International Campaigns milite pour l’abolition totale, immédiate et inconditionnelle de toutes les expériences sur les animaux (vivisection).

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