Plus d’expérimentations animales pour Epitheli

Source : http://archives.tdg.ch/TG/TG/-/article-2011-03-1742/les-rats-de-laboratoire-devraient-pouvoir-bientot-vivre-en-paix-gr-a-une-societe-genevoise

Une société genevoise recrée des tissus humains pour tester l’efficacité de produits actifs.
Les rats de laboratoire devraient pouvoir bientôt vivre en paix grâce à une société genevoise, Epithelix. L’entreprise a développé une alternative aux expérimentations animales. Elle produit des tissus humains reconstitués in vitro. A partir de déchets opératoires, elle fabrique des boîtes appelées MucilAirqui reproduisant l’épithélium, le tissu des cellules respiratoires humaines. Il est ainsi possible d’étudier la toxicité ou l’efficacité de principes actifs dans des conditions qui rappellent celles du corps humain.De plus, ces boîtes ont l’immense avantage d’offrir une longévité d’une année alors que les produits concurrents ne dépassent pas une durée d’utilisation d’un mois. «Ce n’est pas de la science-fiction, c’est de la science!» Difficile de ne pas voir l’enthousiasme de Samuel Constant, directeur opérationnel d’Epithelix, lorsqu’il montre ces boîtes de MucilAir. Chacune contient la possibilité de sauver un animal de laboratoire, explique-t-il. L’objectif est certes scientifique, mais aussi éthique. Les chercheurs qui refusent d’effectuer des expérimentations animales y trouvent une alternative crédible, unique au monde, à la recherche sur les animaux. Outre leur efficacité pour tester la toxicité des produits, elles offrent des solutions à la recherche sur les pathologies oto-rhino-laryngologiques comme la mucoviscidose. Autrefois considérée comme peu «rentable», la recherche sur la mucoviscidose figure désormais à l’agenda des grands groupes qui cherchent à se diversifier.

Epithelix a remporté le Prix 2011 de l’innovation de la Chambre France-Suisse pour le Commerce et l’Industrie en janvier de cette année pour leurs recherches.

Une reconnaissance du Centre européen pour la validation de méthodes alternatives constitue le prochain objectif de l’entreprise Lorsqu’on lui pose la question des perspectives de la société, Samuel Constant évoque le développement de tissus d’autres organes vitaux pour faire avancer la lutte contre d’autres pathologies. «Il est possible d’envisager la reconstitution des tissus du corps humain dans son entier. C’est l’avenir, pas de la science-fiction!» sourit-il.

Ne souhaitant pas s’allier à un grand groupe pour assurer leur indépendance, les trois scientifiques à l’origine de la société – Ludovic Wiszniewski, Huang Song et Samuel Constant- ont tout d’abord mis la main au porte-monnaie pour créer leur société. Jusqu’à aujourd’hui, Epithelix s’est passé d’investisseurs.

Les industries pharmaceutiques ont été les premières à leur faire confiance. Grâce aux nombreux prix remportés, et à la longévité de leur produit, les directeurs d’Epithelix ont aujourd’hui des clients dans le monde entier, l’industrie chimique, pharmaceutique et cosmétique, tout comme les laboratoires de recherche universitaire, et emploient une équipe de neuf personnes.

Le contexte a été propice, explique Samuel Constant. La Loi Reach votée par le Parlement européen en décembre 2006 a obligé tout type d’industrie à tester la toxicité des produits avant leur mise sur le marché. Les tests effectués sur les tissus humains reconstitués sont plus économiques et plus simples que ceux issus de l’expérimentation animale. Et ils sont au moins aussi fiables, indique Samuel Constant en répétant qu’Epithelix entretient une réelle volonté – une vocation même – de réduire l’expérimentation animale.

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