D’abord, ne pas nuire. Entretien avec André Ménache

Traduction International Campaigns d’un entretien avec André Ménache réalisé par Robert Cogswell de SPEAK en 2005 et publié dans le magazine SPEAK en 2006. (Entretien en anglais notamment disponible ici.)

Contexte : André Menache a été médecin vétérinaire, inspecteur de la santé publique mais aussi Directeur général de NOAH, un groupe d’encadrement de l’ensemble des structures de protection animale en Israël. Ancien Président de l’association britannique Doctors and Lawyers for Responsible Medicine (1995-2002) et conseiller scientifique pour Animal Aid, il travaille aujourd’hui pour Antidote Europe.

Enthousiasme, travail d’équipe et endurance

Question de SPEAK. Pour ceux qui ne connaissent pas votre parcours scientifique, rappelons que vous avez étudié la zoologie en Afrique du Sud et que vous avez été inspecteur de la santé publique en Israël et vétérinaire praticien. Vous avez décroché vos diplômes sans pratiquer de vivisection sur des animaux, avez milité avec succès en Israël pour faire disparaître de la formation aux soins d’urgence sur les champs de bataille les laboratoires utilisant des chiens pour illustrer des principes anatomiques et physiologiques de base sur des chiens anesthésiés qui étaient ensuite euthanasiés. Pouvez-vous nous parler de la stratégie de vos campagnes et nous dire si vous percevez un lien entre les progrès que vous avez accomplis en Israël et les changements que vous observez au Royaume-Uni, si nous sommes en tête ou à la traîne par rapport à l’adoption des arguments moraux et scientifiques contre la vivisection ?

Réponse d’André Ménache. Les facteurs de la réussite sont l’enthousiasme, le travail d’équipe et l’endurance. L’utilisation d’animaux pour des expériences militaires est probablement l’un des « verrous les plus difficiles à faire sauter » en raison du voile imposé par la sécurité nationale. Dans ce cas précis, le déclic s’est produit en 1990 lorsque l’inventeur de la « manœuvre de Heimlich » (qui peut sauver des personnes en train de s’étrangler), Henry J Heimlich, MD, a été invité en Israël à s’exprimer sur « La recherche médicale de demain sans animaux ». Pendant son séjour, il a rencontré le médecin chef de l’armée israélienne (IDF) pour discuter du problème des laboratoires de chiens. Cette réunion a abouti en 1992 à l’annonce officielle par l’IDF de l’abandon des laboratoires de chiens pour la formation aux soins d’urgence sur les champs de bataille.

L’étape suivante est d’obtenir que les chirurgiens militaires se forment autrement que sur des chiens et des cochons – dans le cadre du fameux programme ATLS de soins avancés de réanimation traumatologique (Advanced Trauma Life Support). Le comité américain PCRM (Physicians Committee for Responsible Medicine) estime que : « Les chirurgiens se forment de moins en moins sur des animaux à la traumatologie. Et la tendance s’accélère. » En juillet 2001, le comité PCRM a fait état de cinq centres médicaux proposant des cours ATLS non plus sur des animaux vivants mais sur des simulateurs et des cadavres humains. Depuis, bien d’autres sites commencent à instaurer des formations d’après l’anatomie humaine. Au Royaume-Uni, aucun animal n’est utilisé dans les cours d’ATLS. Actuellement, il est interdit de se former sur des animaux aux techniques chirurgicales (hors microchirurgie) ce qui place le Royaume-Uni en tête devant quasiment tout le monde. Pour autant, nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. Il y a quelques mois, le Collège royal de chirurgie a présenté un appel pour autoriser ses stagiaires à s’exercer à la chirurgie sur des animaux vivants.

Pour changer radicalement le système, nous devons avoir l’opinion publique avec nous

Question. Vous avez déclaré : « Le débat public croissant sur l’utilisation d’animaux dans la recherche médicale a tourné en grande partie autour de la question des droits des animaux », en référence à des arguments principalement éthiques et philosophiques. En tant qu’ancien Président de Doctors and Lawyers for Responsible Medicine, vous êtes naturellement convaincu que le corps médical a lui-même un rôle déterminant à jouer. Pensez-vous que l’argument anti-vivisection l’emportera au final de ce seul point de vue ? Dans ce cas, le fait que l’obsolescence ou la non obsolescence de la vivisection soit scellée par l’intérêt personnel des hommes ne constituerait-il pas un acte d’accusation de notre espèce ? En outre, dans le cadre plus large des droits des animaux, des arguments non éthiques seraient sûrement restrictifs dans de nombreux cas où la science/la logique ne sont pas pertinentes ?

Réponse.  Pour parvenir à changer radicalement le système, nous devons avoir l’opinion publique avec nous. Pour cela, il faut employer tous les moyens légaux à notre disposition – ceux qui donnent des résultats. Si cela revient à dire aux gens que continuer à autoriser les expériences sur les animaux met en péril leur santé et la santé de leurs enfants, il faut le dire. L’argument éthique et philosophique proprement dit n’a pas donné jusqu’ici le résultat escompté – l’interdiction totale de toutes les expériences sur les animaux.

Nous pouvons tous contribuer à notre manière à la lutte contre les expériences sur les animaux. Si chacun d’entre nous réussit à faire tomber une brique du mur de la vivisection, c’est le mur tout entier qui finira par s’effondrer. Le débat public sur la vivisection l’emportera en associant les arguments scientifiques et légaux à l’approche éthique et philosophique. L’affaire est déjà potentiellement gagnée du point de vue de la protection des animaux – la plupart des gens sont choqués et révoltés lorsqu’ils voient des photos d’animaux soumis à des expériences invasives dans un laboratoire. Il ne manque plus que le coup de grâce, que les arguments scientifiques et légaux doivent pouvoir donner. Pour prendre une image, l’édifice de la vivisection est comme un bloc de pierre soutenu par trois piliers : la pseudo-science, le système légal et le système politique qui, tous actuellement, soutiennent la vivisection. Déboulonnez n’importe lequel de ces trois piliers et tout l’édifice s’écroulera, comme un château de cartes.

Un bloc de pierre soutenu par trois piliers

Le pilier de la pseudo-science représente la quête de subventions, de prestige universitaire et d’évolution de carrière, qui se font entièrement sur le dos de l’expérimentation animale. Au lieu d’une pseudo-science, la société a besoin d’une science véritable ayant pour objet d’aider les êtres humains (et les animaux) par une recherche rationnelle et sérieuse.

Les deux autres piliers – ceux des systèmes légal et politique – soutiennent la vivisection en obligeant à tester sur les animaux les médicaments destinés à l’homme. Ces obligations reposent sur des lois datant d’un demi-siècle. La science a bien progressé depuis ; il est bien dommage que la loi n’ait pas fait de même.

Une enquête publique sur la validité des expériences sur les animaux est nécessaire

Question. Vous avez contribué à faire adopter un amendement à la Déclaration d’Helsinki sur la recherche médicale, qui a supprimé l’obligation de faire des expériences sur les animaux préalablement aux essais cliniques sur l’homme. Comment, selon vous, cette avancée a-t-elle fait évoluer le climat général – si tant est qu’il y ait eu évolution -, sachant que le nombre d’expériences, au Royaume-Uni par exemple, a augmenté sous le gouvernement travailliste – et qu’un véritable matraquage a été organisé pour « redorer » le blason de la vivisection en la proclamant partie intégrante et vitale pour mettre au point des traitements pour les maladies humaines ?

Réponse. La Déclaration d’Helsinki n’a pas force de loi. Elle définit plus exactement des principes directeurs. Par ailleurs, elle exprime et reflète l’opinion de l’Association médicale mondiale concernant l’expérimentation humaine. Dans sa rédaction première de 1964, elle contenait un paragraphe qui présumait de tester sur les animaux avant de procéder aux essais cliniques sur l’homme. Malgré les modifications successives de la Déclaration, ce paragraphe est resté inchangé au fil des années. Il a fallu attendre la modification de 2000 pour que la Déclaration autorise l’utilisation de méthodes sans animaux au lieu de méthodes sur des animaux vivants. Cette victoire symbolique envoie un message clair aux scientifiques et aux pouvoirs publics : les vents du changement approchent. Ce succès, aussi petit soit-il, devrait nous encourager à rechercher des modifications plus importantes et meilleures en matière de réglementation. Le moment est venu désormais de réclamer une enquête publique sur la validité des expériences sur les animaux.

Les animaux offrent un alibi en béton aux industries pharmaceutiques

Question. Étant donné les énormes progrès de la technologie moderne du génome, pourquoi la plupart des scientifiques professionnels sont-ils aussi timides à relever les défis qu’offre une science plus précise et plus progressiste ? Beaucoup de scientifiques et de médecins – dont les méthodes diagnostiques ont été fondées des années durant sur la vivisection – en viennent à considérer que l’expérimentation animale ne produit rien d’exploitable, sauf, quelquefois, par défaut. Que cette méthodologie soit tout aussi barbare qu’imprécise ne pose pas forcément problème à la plupart d’entre eux. Mais la multiplication des éléments prouvant que les résultats de ces expériences ne sont ni fiables ni correctement transposables aux humains ne pourrait-elle pas constituer une incitation suffisante pour le scientifique en quête de savoir ? Après tout, le savoir c’est le pouvoir.

Réponse. Ce n’est un secret pour personne que les expériences sur les animaux offrent un alibi en béton aux industries pharmaceutiques et autres chaque fois que les gens tombent malades après avoir utilisé leurs produits. L’objectif premier de la véritable médecine est primum non nocere – d’abord, ne pas nuire – en progressant par petites étapes et en restant attentif. Au lieu de cela, on a endormi l’opinion publique pour lui faire avaler les « faux éclairs de génie » de chercheurs qui transposent à l’homme les données obtenues sur les animaux, avec des conséquences invariablement désastreuses. Nous ne devons pas non plus nous laisser leurrer en croyant que les cellules animales ou les animaux génétiquement modifiés apporteront des résultats transposables à l’homme. La science et l’industrie savent parfaitement que les données les plus fiables quant aux effets sur l’homme seront obtenues en utilisant des cellules humaines et des tissus humains.

Les partisans de la vivisection objectent souvent que des cellules seules n’indiquent pas quels seront les effets sur l’ensemble d’un système vivant. Mais de quel système vivant parlent-ils au juste ? Le système vivant du chien est très différent de celui du chat. Le système vivant d’un humain enfant est assez différent de celui d’un humain adulte. Il faut arrêter de vouloir se fier à des choses qui ont l’air semblables lorsqu’il s’agit de recherche médicale. Jadis, nous buvions tous le discours des partisans de la vivisection : « Le cœur du chien est semblable à celui de l’homme. La preuve : il a quatre cavités et bat exactement comme bat notre cœur ». Ce qu’ils ne disaient pas, c’est que l’irrigation sanguine du cœur est bien meilleure chez le chien que chez l’homme ce qui explique pourquoi le chien est moins sujet à la crise cardiaque que nous. Ils ne disaient pas non plus que le cœur d’un homme est sensiblement différent du cœur d’une femme – certains médicaments pour le cœur sont quatre fois plus efficaces chez la femme que chez l’homme.

L’idée que la loi puisse être modifiée pour obliger à remplacer tous les tests sur les animaux par une recherche sur l’homme est le pire cauchemar de l’industrie pharmaceutique. Bienvenue au 21ème siècle ! Voici venue l’époque de la biologie cellulaire humaine de pointe. Nous pouvons aujourd’hui tester des produits chimiques toxiques sur des lignes de cellules humaines et avoir les résultats sous 24 à 48 heures. En utilisant des rats, il faut attendre jusqu’à deux ans pour obtenir un premier résultat (qui, de plus, n’est pertinent que pour le rat !). La plus grande crainte de l’industrie est de ne pas pouvoir sélectionner ni choisir l’espèce animale qui répondra le mieux à ses objectifs.

Il serait trop restrictif de n’utiliser que des cellules humaines. Ce qui préoccupe encore plus l’industrie, c’est que la technologie moderne est très sensible et peut détecter rapidement les signes avant-coureurs de risques auxquels les produits chimiques étrangers exposent les cellules. Ce qui signifie que la grande majorité des produits chimiques ne seront pas commercialisés s’ils s’avèrent dangereux pour la santé humaine et pour l’environnement. En réalité, la commercialisation de bon nombre de produits chimiques toxiques d’usage courant aurait dû ne pas être autorisée de prime abord. Cela pourrait peut-être aider à expliquer pourquoi le système réglementaire actuel (qui s’appuie aussi fortement sur les expériences sur les animaux) a contribué, alors même qu’il est destiné à « protéger » la santé publique, à faire des effets secondaires des médicaments la quatrième cause de mortalité (après les maladies cardiovasculaires, le cancer et les accidents vasculaires cérébraux).

La Grande-Bretagne est en Europe, avec la France, le plus gros consommateur d’animaux dans les laboratoires

Question. Un vivisecteur de premier rang de l’université d’Oxford aurait déclaré : « Que Cambridge ne puisse pas continuer a été une catastrophe. C’est la goutte d’eau qui va faire déborder le vase de la science biomédicale britannique ». Vous avez dit vous-même : « Les pouvoirs publics et les scientifiques qui font des recherches sur les animaux redoutent de perdre la bataille à Oxford. Si le bâtiment est arrêté et que la recherche sur les animaux n’avance pas comme prévu, il pourrait y avoir des réactions en chaîne. D’abord Cambridge, ensuite Oxford, puis le reste de l’Europe. » Suivant de si près la débâcle de Cambridge, croyez-vous vraiment qu’une cessation de travail permanente sur le site et la victoire du mouvement anti-vivisection à Oxford sonneraient le déclin rapide de la vivisection dans ce pays ?

Réponse. Une victoire contre Oxford serait un coup énorme porté à l’industrie britannique de la vivisection car Oxford est le cœur de la recherche sur les animaux dans le pays. Un autre grand succès si peu de temps après Cambridge obligerait tout le monde à se poser et à prendre acte – vivisecteurs et militants – un coup double si vous voulez. N’oublions pas où se situe la Grande-Bretagne sur l’échelle de la vivisection – elle est en Europe, avec la France, le plus gros consommateur d’animaux pour des expériences de laboratoire.

Nos campagnes commencent à toucher l’industrie de la vivisection

Question. Malgré la ténacité des opposants à réclamer une enquête indépendante sur l’efficacité de la vivisection, le lobby pro-vivisection bloque continuellement tout débat ouvert sur ce qui entoure les expériences sur les animaux. Avant leur victoire électorale de 1997, Tony Blair et le nouveau parti travailliste ont publié un document intitulé « Le Nouveau Parti travailliste, une nouvelle vie pour les animaux » dans lequel ils promettaient de créer une Commission royale pour étudier l’efficacité de la vivisection. Ces promesses n’étaient que du vent et n’ont porté aucun fruit. Pensez-vous que les pouvoirs publics et l’industrie de la vivisection craignent, si les faits et les statistiques sont rendus publics, tout simplement de ne pas pouvoir soutenir un examen minutieux ? Croyez-vous que les contre-mesures brutes et maladroites adoptées pour faire taire l’opposition au laboratoire d’Oxford soient une réaction instinctive au fait que les opposants à la vivisection se font finalement entendre ?

Réponse. Tout indique que nos campagnes commencent à toucher l’industrie de la vivisection. En effet, les mesures draconiennes auxquelles les pouvoirs publics et l’industrie ont aujourd’hui recours sont la réaction excessive d’une partie sur la défensive – ou mieux encore – en repli. Les médias – délibérément ou non – jouent également leur rôle en insistant sur les activités illégales de quelques-uns, tout en passant sous silence le fait que la majorité hostile aux expériences sur les animaux manifeste sans heurts depuis des décennies.

Le gouvernement actuel se complaît à sanctionner les « mauvais comportements » (au point de restreindre une liberté d’expression légitime). Mais il est beaucoup moins énergique dès lors qu’il s’agit de récompenser les « bons comportements ». Après plusieurs décennies de manifestations pacifiques contre les expériences sur les animaux, le moins que le gouvernement pouvait faire en entrant en fonction en 1997 était de tenir sa promesse électorale de Commission royale. Nous sommes aujourd’hui en 2005 et il ne se passe rien. Le gouvernement a peut-être marqué inconsciemment un but contre son camp. Il y a de cela plusieurs années, alors qu’on lui demandait quel était le meilleur moyen de contrer la vivisection, Michael Mansfield, Conseiller de la Reine – QC, s’est prononcé en faveur d’une enquête publique supervisée par une Commission royale. C’est pourquoi nous faisons campagne en ce sens. Il est important de percevoir d’emblée que les étapes pour aboutir à cette enquête publique sont au moins aussi importantes que le résultat final, car elles permettront de mieux sensibiliser l’opinion. Mais l’organisation d’une enquête publique ne mettra pas un terme à nos protestations. Nous continuerons à manifester tant que la vivisection ne sera pas entièrement dénoncée pour ce qu’elle est vraiment : un crime contre les animaux et contre l’humanité. Une fois ce but atteint, la vivisection s’arrêtera car c’est la société toute entière qui ne la tolérera plus.

La vivisection est une industrie énorme à travers le monde

Question. Votre participation active au mouvement anti-vivisection en Afrique du Sud, en Israël et maintenant au Royaume-Uni, a fait de vous le témoin de plusieurs types de tactiques et de réactions de la part de l’opposition. Nous avons été profondément surpris chez SPEAK par le niveau de duplicité qui existe dans des sites tels que Cambridge et Oxford. À Oxford notamment, des partisans de la vivisection au sein de l’université pratiquent auprès du public une désinformation des plus odieuses – et pas très efficacement d’ailleurs puisqu’ils sont rattrapés à chaque tournant. Avez-vous constaté des comportements similaires et le même mode de fonctionnement dans d’autres pays ?

Réponse. La vivisection est une industrie énorme à travers le monde. La tactique de ceux à qui elle rapporte est assez semblable d’un pays à l’autre. Nous pensons qu’il est important que ceux qui expérimentent sur les animaux soient défiés en public et sur un pied d’égalité (par exemple, scientifique contre scientifique). Les enjeux sont aujourd’hui beaucoup plus élevés parce que nous gagnons du terrain. Nous devons nous attendre à ce que la partie adverse nous jette à la figure tout ce qu’elle a. Si nous parvenons à tirer la chasse d’eau de la vivisection au Royaume-Uni, où cette industrie est particulièrement bien représentée, les retombées seront considérables.

Actuellement, les pro-vivisecteurs essayent de s’attirer la compassion du public en menaçant de délocaliser leurs recherches hors du Royaume-Uni. Très bien. Ils peuvent partir s’ils le veulent mais ne soyons pas dupes : aucun chercheur ne veut emmener sa famille en Chine ou en Corée pour continuer ses expériences sur les animaux. Notre campagne n’a pas pour but d’exporter ce type de recherches vers d’autres pays. Son objectif est de prouver que l’expérimentation animale est de la mauvaise science ou pseudo-science – quels que soient l’institution ou le pays qui la pratiquent. Il est grand temps de procéder à une enquête publique ou à n’importe quelle autre étude transparente et indépendante qui révèlera la vérité. Et s’il est démontré que les expériences sur les animaux ne présentent aucun intérêt pour la santé humaine, cette « révélation » vaudra alors non pas seulement pour le Royaume-Uni mais pour tous les pays. Aussi lorsque les chercheurs sur les animaux nous disent qu’ils vont délocaliser leurs travaux, nous devons leur répondre : « Essayez de fuir si vous le voulez. Vous finirez tout de même par être rattrapés » (par la vérité).

Il faut accélérer les choses car les animaux ne peuvent pas attendre

Question. Pour terminer, pouvez-vous nous dire quelles orientations, selon vous, va prendre le mouvement pour les droits des animaux au cours notamment de la prochaine décennie et si nous nous dirigeons vers une période de changement spectaculaire dans l’application de la science médicale où les animaux n’auraient plus de place ?

Réponse. Il ne fait aucun doute que les expériences sur les animaux sont appelées à disparaître. La compassion, la vérité et la science : toutes sont de notre côté. Cependant, il faut accélérer les choses le plus possible car les animaux ne peuvent pas attendre et la santé humaine et l’environnement sont également menacés par les effets délétères de tous ces produits chimiques « testés » utilisés aujourd’hui. Nous pouvons compter sur tous ceux qui ont des intérêts acquis dans la recherche sur les animaux pour opposer un maximum de résistance. Notre plus grande ennemie est l’inertie – la même absence de progrès qui a permis que des lois datant de 50 ans et une science d’il y a 150 ans maintiennent fermement ancrées les expériences sur les animaux tant dans notre culture que dans nos systèmes légal et politique.

« Pour que le mal triomphe, il suffit que les hommes [et les femmes] de bonne volonté ne fassent rien. » (Edmund Burke)

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