Des animaux de laboratoire transformés en aliments pour animaux de compagnie.

Ça se passe aux États-Unis seulement ?

Traduction du texte de Susan Thixton, auteure américaine de très nombreux articles sur l’alimentation des animaux de compagnie.

Des millions d’animaux de laboratoire sont encore utilisés chaque année dans le cadre de tests imposés par l’agence américaine de contrôle pharmaceutique et alimentaire (FDA ou Food and Drug Administration) pour valider de nouveaux médicaments. Si la plupart des laboratoires se plient au protocole édicté dans le « Guide des soins et de l’utilisation des animaux de laboratoire », force est de constater que certains d’entre eux maintiennent les animaux de laboratoire dans des conditions de vie atroces.

Mais vous êtes-vous jamais demandé ce qui arrivait à ces animaux une fois les expériences terminées ? Le cœur de toutes les personnes qui à travers le monde se préoccupent du sort des animaux se brise un peu lorsqu’elles regardent des photos ou des vidéos d’animaux utilisés dans les laboratoires. Savoir que ces animaux ont une qualité de vie proche de zéro remue les entrailles. Ce qui ce passe une fois que les expériences sur un animal sont achevées est encore plus inimaginable. Les animaux utilisés pour les tests de laboratoire, bourrés de médicaments et vecteurs de maladies liées aux tests, peuvent finir en nourriture pour animaux de compagnie.

Selon le « Guide des soins et de l’utilisation des animaux de laboratoire », l’élimination préconisée des animaux de laboratoire est la suivante : « Les carcasses des animaux infectieux peuvent être incinérées sur place ou recueillies par un professionnel agréé. » En d’autres termes, soit les animaux utilisés pour les tests sont incinérés – si le laboratoire dispose de l’équipement coûteux nécessaire à l’incinération -, soit le « professionnel agréé » est une entreprise de valorisation des déchets qui fournit de nombreux ingrédients aux producteurs d’aliments pour animaux de compagnie. La plupart des laboratoires qui font des expériences sur les animaux sont des établissements universitaires et ils ont des difficultés financières. Il est peu probable que ces laboratoires puissent se doter d’un équipement de crémation. Il est donc triste de devoir en conclure que les animaux utilisés par les laboratoires universitaires finissent par être réutilisés après leur mort.

Par exemple, l’Université de l’Illinois et l’Université d’État de l’Oklahoma autorisent la réutilisation des carcasses d’animaux. Le site Web de l’Université de l’Illinois mentionne d’ailleurs le fait que leur sous-traitant chargé de la valorisation des déchets ne prend ni chiens ni chats. Cependant, tous les autres animaux ayant subi des tests, ainsi que les maladies et les médicaments stockés dans leur corps, sont collectés par des entreprises de valorisation locales pour être revendus à des fabricants d’aliments pour animaux domestiques. Le site Web de l’Université Baylor explique que les « déchets animaux non dangereux » sont transportés en déchetterie locale, tandis que « tous les déchets animaux classés comme dangereux doivent être confiés à une entreprise de traitement des déchets », c’est-à-dire une entreprise de valorisation. Le protocole de traitement des déchets de l’Université Baylor est donc clair : les carcasses non dangereuses peuvent être enfouies, tandis que les carcasses dangereuses sont réutilisées. Lire http://www.baylor.edu/content/services/document.php/40215.pdf.

Imaginez tous les déchets animaux de tous les laboratoires du pays, universitaires ou autres. Imaginez tous les médicaments testés, et dont l’usage n’a pas encore été approuvé, stockés dans le corps de ces animaux. Une grande partie de ces animaux et de ces médicaments sont donc recyclés, tout comme d’autres déchets animaux (le bétail de dernier ordre – animaux morts, malades, mourants et handicapés impropres à la consommation humaine). Après valorisation, ils sont transformés en aliments pour animaux de compagnie.

Les ingrédients pour aliments pour animaux de compagnie qui pourraient contenir des déchets d’animaux utilisés pour des tests sont généralement dénommés « graisse animale », « farine de sous-produits », « farine de viande » « farine de viande et d’os » (pas « farine de poulet » ou « farine de dinde » ou n’importe quelle autre farine animale spécifiquement nommée) et « digestat animal »*. La FDA a déterminé que l’ingrédient classique dénommé « graisse animale » contient très probablement un produit utilisé pour l’euthanasie et donc un animal euthanasié. Il n’existe AUCUNE information de la FDA concernant le type d’animal contenu dans la « graisse animale », ni sur les médicaments contenus dans l’ingrédient (ni dans les ingrédients pour aliments pour animaux domestiques susmentionnés). Ni la FDA ni la CVM** ne fournissent d’informations sur les conditions sanitaires des animaux valorisés dans ces ingrédients, ni données de recherche pour déterminer les répercussions possibles sur la santé des animaux domestiques. La FDA, malgré la loi fédérale qui l’interdit, permet que des animaux malades ou de laboratoire soient réutilisés dans des aliments pour animaux de compagnie.

Hélas, il n’existe aucun moyen pour les propriétaires d’animaux de compagnie de savoir si les ingrédients les plus présents dans les aliments contiennent des restes d’un animal de laboratoire ou des médicaments stockés dans son corps. Chaque lot de déchets animaux valorisé est utilisé pour différents produits finis, en fonction donc du type d’animal collecté puis recyclé.

La réutilisation d’animaux ayant servi à des tests en laboratoire dans la fabrication d’aliments pour animaux domestiques est tout simplement inacceptable. Médicaments en cours de test, produits pour l’euthanasie et différentes espèces d’animaux de laboratoire, tous susceptibles de devenir des aliments pour animaux familiers, tout ceci est inexcusable. Les carcasses de ces animaux ainsi que les médicaments et les produits chimiques qu’elles stockent ne devraient jamais être utilisés pour les aliments pour animaux de compagnie. Lisez attentivement la liste des ingrédients des aliments et friandises pour votre animal et faites attention à tout ce qui est « graisse animale », « farine de sous-produits », « farine de viande », « farine de viande et d’os » (pas « farine de poulet » ou « farine de dinde » ou n’importe quelle autre farine animale spécifiquement nommée), et « digestat animal ». Nourrir vos animaux avec des aliments ou des friandises contenant ces ingrédients revient peut-être à les nourrir avec les restes d’un animal de laboratoire et avec les médicaments que contient cet animal. Malheureusement, beaucoup d’aliments Rx pour animaux domestiques destinés à soigner une pathologie spécifique contiennent ces ingrédients. Si votre vétérinaire vous a prescrit un régime alimentaire de ce genre, vous devez continuer ce régime tant qu’un autre ne sera pas approuvé. Un régime approprié à une maladie doit rester la priorité. Consultez votre vétérinaire avant de changer l’alimentation de votre animal.

Vous souhaitant ainsi qu’à vos animaux de compagnie une excellente continuation,

Susan Thixton

NDT

* « Digestat animal » : tissus animaux autres que cornes, dents, poils, plumes et sabots – à l’état de putréfaction. « Bétail » à l’équarrissage donc et autres animaux divers euthanasiés, Procédé couramment utilisé par l’industrie de l’alimentation pour animaux de compagnie.

** CVM : Centre de médecine vétérinaire

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