Pays de Galles : des chatons ont eu les yeux cousus à l’université de Cardiff
L’ Université de Cardiff (Pays de Galles) éclaboussée par un récent scandale : des chatons ont eu les yeux cousus pour des expériences médicales !
Par © Simon Gaskell, WalesOnline – 22 juillet 2012
Crédits traduction : MW Wauthy, A.L.F, le Film Communications Officer.
Des militants des droits des animaux viennent de condamner une université galloise pour avoir mené de cruelles expériences, pour lesquelles les yeux de chatons ont été cousus, tandis que d’autres portées de nouveau-nés étaient élevées dans l’obscurité totale.
L’Union Britannique pour l’Abolition de la Vivisection (BUAV) a déclaré qu’elle avait récemment découvert des preuves concernant des tests sur animaux, tests entrepris par des universitaires de l’ Université de Cardiff.
Le directeur exécutif de la BUAV qui s’oppose à toute forme d’expérimentation animale a appelé les procédés utilisés par l’Université de Cardiff comme relevant d’une « recherche inacceptable et cruelle ».
Mais l’université nie le caractère cruel de cette recherche en argumentant qu’elle a été réalisée en suivant les termes stricts de la licence du Home Office instaurée dans le but de réguler la recherche médicale.
Les résultats des tests ont été publiés dans un rapport édité par le « European Journal of Neuroscience ». Dans ce document, l’équipe de recherche universitaire présente les études menées dans l’optique de fournir des informations sur le fonctionnement du cerveau en relation avec la vision des deux yeux, études effectuées en soumettant 31 chats à des degrés divers d ‘ « expériences de privations sensorielles ».
L ‘ Université de Cardiff : entre cruauté et médiocrité scientifique
Les scientifiques de l’ Université de Cardiff ont ainsi placé un groupe de chatons, dès leur naissance, avec leur mère, dans une obscurité totale, certains pour une durée allant jusqu’à 12 semaines.
Un autre groupe de chatons a quant à lui été élevé normalement avant de subir une intervention chirurgicale, sous anesthésie, afin de les priver d’une partie de leur vision, intervention qui a consisté en la suture d’une de leur paupière.
Les chercheurs de l’Université de Cardiff ont ensuite procédé à des tests sur les différents groupes, en utilisant des techniques d’imagerie médicale, notamment celle, courante, qui consiste à ouvrir le crâne des animaux pour placer une caméra dans leur cerveau.
Un vétérinaire travaillant pour la BUAV a exprimé son inquiétude quant au fait que les sutures aient pu causer de la souffrance et a clairement posé la question de la pertinence de ces tests dans l’élaboration de traitements destinés aux êtres humains.
Dans le même temps, le responsable adjoint du Conseil de Cardiff a déclaré que de tels tests étaient «répréhensibles».
Dans leur rapport, les expérimentateurs ont déclaré « Nous avons comparé des sujets normalement élevés avec des chats élevés dans l’obscurité depuis la naissance, chaque groupe ayant été soumis à un séjour d’une durée différente dans l’obscurité. Un total de 31 chats a été utilisé dans cette étude. Le premier groupe de chatons a été élevé dans des conditions naturelles, soit un cycle normal de 12 heures de jour et 12h de nuit, jusqu’à 10 jours, 3 semaines, 5 semaines, 12 semaines et un an d’âge. Un autre groupe a été élevé dans l’obscurité totale dès la naissance, avec leur mère, jusqu’à 3 semaines, 5 semaines et 12 semaines d’âge. Un autre groupe a été normalement élevé et a ensuite subi une privation monoculaire par suture sous anesthésie générale, soit à partir du 30ème jour postnatal, sur une durée de 2 jours, soit à compter du 28ème jour postnatal, sur une durée de 7 jours ». Tous ont ensuite été observés via la technique éprouvée de la caméra implantée dans le cerveau.
Le journal gallois « Wales on Sunday » a été informé de l’expérience – financée par le Conseil pour la recherche médicale, donc avec des fonds publics – par la BUAV qui a entrepris une campagne de sensibilisation sur le nombre croissant de tests sur les chats pratiqués pour la recherche médicale.
Michelle Thew, directrice de département de la BUAV, a déclaré avoir été choquée de découvrir que ce type de recherche avait été effectué derrière les portes de la plus grande structure éducative pour adultes du pays de Galles. Elle a d’ailleurs déclaré : « Nous savons que le public sera choqué d’apprendre que de telles recherches à l’ Université de Cardiff ont impliqué des expériences financées par l’État, expériences au cours desquelles des chatons ont été soumis à des procédures douloureuses, privation de lumière ou couture complète de la paupière, suivie d’une chirurgie du cerveau invasive, et de la mort. Cette situation est inacceptable car c’est purement de la recherche cruelle ».
Le Dr Ned Buyukmihci, vétérinaire et conseiller de la BUAV – un professeur émérite de médecine vétérinaire de l’Université de Californie, à Davis – a expliqué que les mêmes informations peuvent être recueillies à partir de l’homme. Il a confirmé que les sutures palpébrales ont été douloureuses, au moins pendant un moment après la chirurgie. « D’un point de vue scientifique, il existe des différences substantielles dans la structure et la fonction du système visuel entre les chats et les êtres humains. Plus précisément, il existe des méthodes établies pour obtenir essentiellement les mêmes informations à partir de tests sur les humains ».
Et le responsable adjoint du Conseil de Cardiff, Ralph Cook, un ancien militant des droits des animaux, de déclarer que l’expérimentation effectuée était d’une nature plus que contestable. « Il s’agit ici du fait que quelqu’un, qui est un universitaire, décide de produire un article dénué de sens et dont les résultats ne sont pas applicables aux humains de toute façon ». Il a ajouté : « la façon dont les chats perçoivent le monde est différente de la manière dont nous le percevons, et si vous étiez propriétaire d’un animal, vous le sauriez ». Il a également précisé que « ces tests peuvent être menés sur des volontaires humains, et il y a pas mal de personnes qui seraient très heureuses de se porter volontaires, éventuellement en échange d’un peu d’argent », précisant que « sans recourir à des solutions invasives, il était tout à fait possible d’étudier ces problèmes et de comprendre plus en profondeur le fonctionnement du corps humain grâce à des procédés comme les CT scans ». Et de conclure : « ma position a toujours été la même depuis que j’ai découvert que la vivisection est complètement inutile et scientifiquement erronée, et ce car les résultats ne peuvent pas être appliquées aux êtres humains. Je pense que moralement ces tests sont totalement répréhensibles, et que, scientifiquement, la vivisection est indéfendable ».
Mais l’ Université de Cardiff persiste dans sa ligne de défense affirmant que les expériences ont été validées par le Home Office et qu’elles avaient des motifs valables, permettant par exemple d’en apprendre plus sur le fonctionnement du corps humain, notamment sur les problèmes ophtalmiques comme le strabisme ou la faiblesse visuelle chronique.
Dans une déclaration, l’ Université de Cardiff a ajouté qu’elle était aujourd’hui désormais impliquée dans les actions menées par le Centre national pour le remplacement et la réduction de l’utilisation des animaux dans la recherche et que l’expérience en question avait d’ailleurs été terminée il y a longtemps, en 2010, mais qu’en fait elle n’avait fait l’objet d’un rapport que maintenant.
Un porte-parole a déclaré: « si l’Université de Cardiff effectue des recherches impliquant des animaux, c’est dans le but essentiel d’atténuer des maladies humaine et animale à travers une meilleure compréhension médicale, dentaire, biologiques et vétérinaires ». « Ce projet a été justifié suite à une évaluation de ses avantages, à la fois par le processus d’examen du comité éthique local et par le département des sciences du Home Office. Il a été établi qu’il n’y avait pas d’autre procédure pour arriver à obtenir les mêmes informations, ce qui a conduit le Home Office à nous accorder une licence pour mener à bien l’expérience ». « Une recherche jugée « inacceptable » ou « cruelle » n’aurait pas été autorisée en vertu de ce système si elle n’avait pas été pleinement justifiée et il est donc inexact que la BUAV prétende le contraire ».
Selon les statistiques du Home Office concernant les procédures scientifiques sur les tests sur des animaux vivants publiées la semaine dernière, le nombre d’expériences effectuées sur des chats au cours de 2011 ont augmenté de 26% (235 au total). Dans ce total, 48 procédures ont été effectuées pour la recherche sur le système nerveux et 151 procédures sur des chats ont ciblé les systèmes multiples. La majorité de ces animaux ont été utilisés pour de la recherche biologique fondamentale et le reste dans le cadre d’études appliquées.