Île Maurice : le commerce des singes pointé du doigt
Par Guillaume Gouges
Une récente enquête, réalisée par la British Union for the Abolition of Vivisection (BUAV), une ONG qui milite pour les droits des animaux, met à l’index le commerce des singes à l’île Maurice. Dans son rapport qu’elle a rendu public, cette organisation explique que certains de ses membres sont parvenus à s’infiltrer dans un réseau de braconniers. Ces derniers, affirme la BUAV, infligeraient de mauvais traitements à ces animaux. L’ONG a d’ailleurs lancé une campagne de boycott ainsi qu’une pétition pour dénoncer ce qu’elle estime être un «commerce de la souffrance.»
Dans son rapport, la BUAV estime que l’industrie du commerce des singes «inflige de grandes souffrances à des primates non-humains.» Il faut savoir que ces animaux, destinés à la recherche médicale, sont vendus à des laboratoires pharmaceutiques aux États-Unis et en Europe. Durant leur enquête sur l’île, les enquêteurs de la BUAV sont ainsi parvenus à accompagner des braconniers et filmer les traitements «inhumains» infligés aux singes capturés. On peut ainsi lire dans le rapport qu’ils «balancent les singes par la queue avant de les enfermer dans de petites cages rouillées». Plus loin, on y apprend que «les singes sont enfermés dans des caisses en bois, généralement trop petites pour leur permettre même de se lever.»
Le commerce des macaques à longues queues – Maurice en exporte chaque année environ 10 000 – rapporte Rs 900 millions (soit environ 20 millions d’euros) par an aux trois entreprises – Bioculture, Noveprim et Le Tamarinier Ltd – qui se partagent ce marché dans l’île. Un business florissant qui attire de nouveaux opérateurs. Un quatrième opérateur, Prima Cyno Ltd, a fait savoir qu’il comptait se lancer lui aussi dans la capture et l’exportation de macaques. En quelques années, l’île est devenue l’un des plus importants exportateurs de singes au monde.
Ce business a valu au pays de subir les foudres de nombreuses organisations qui militent pour les droits des animaux. Il n’est ainsi pas rare que les ambassades de l’île Maurice à l’étranger soient la cible de militants bien décidés à attirer l’attention internationale sur ce commerce.
Devant cette situation, les trois entreprises engagées dans la capture et l’exportation de singes préfèrent faire profil bas. Tous se souviennent encore de l’opération menée par la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA) en 1990.
Des membres de cette organisation britannique s’étaient introduits clandestinement dans l’une des installations mauriciennes, convaincus que les primates subissaient de mauvais traitements. Ils ont, dans un rapport rendu public, dénoncé l’absence d’infrastructures adéquates. Les conditions semblent s’être nettement améliorées depuis, au vu de la modernité des installations et des soins dont font l’objet les macaques.
Face à ces mises en accusation, les sociétés engagées dans l’élevage de primates ont longtemps préféré garder le silence. Elles daignent aujourd’hui sortir de leur mutisme, jouant à fond la carte de la transparence. Elles espèrent ainsi se refaire une image après les campagnes agressives d’organisations de défense des animaux, principalement en Europe. Une transparence qui est loin cependant de satisfaire les organisations de défense des animaux.
Source : http://plus.lefigaro.fr/note/vivisection-des-ong-mettent-lile-maurice-a-lindex-20100928-293446