Remue-méninges dans les labos
Des cellules humaines dans des cerveaux de souris…
Weissman, biologiste à l’Université de Stanford, a obtenu du comité d’éthique de cette université le feu vert pour la création d’une souris possédant un nombre important de cellules du cerveau humain, dans la limite où la créature continuera de se comporter comme une souris et non comme un humain. Sic.
Ces expériences ont commencé depuis quelques années déjà à Palo Alto, Etats-Unis dans les labos de Stem Cells Inc (littéralement « Cellules souches »). Dans certains cas, les chercheurs injectent des cellules humaines malades ou cancéreuses à des souris saines et dans d’autres, des cellules humaines saines à des souris malades.
A l’avenir, il pourrait être possible de remplacer des régions endommagées du cerveau de souris par des cellules saines de fœtus humains. Les scientifiques observeraient alors si les cellules humaines arriveraient à communiquer avec les cellules de souris et à leur donner des instructions.
Ces recherches ont suscité certaines critiques. Elles ne mettent pas en cause les véritables tortures infligées à ces souris, mais bien plutôt la transgression qu’implique la greffe de cellules humaines dans le cerveau d’un animal, le cerveau humain étant le siège de l’âme, quelque chose qui serait exclusivement humain.
Où fixer les limites ? A partir de quand une chimère cesse-t-elle d’être un animal pour devenir une « personne » ?
Voilà les questions que ce sont posées les membres du comité d’« éthique ».
Leur conclusion est la suivante : si la souris commence à manifester un comportement de type humain (amélioration de la mémoire, résolution de problèmes), il faudra arrêter ces travaux. Aussi le comité a-t-il demandé au chercheur de prendre toutes les précautions nécessaires, comme tuer les souris à différents stades de leur développement afin de voir comment leur cerveau a évolué.
En procédant ainsi, cette étude est éthique, selon le comité.
Dans un avenir plus lointain, il pourrait être envisagé de remplacer un cerveau entier. L’expérience serait effectuée sur des souris atteintes d’une maladie rare causant la mort du cerveau avant la naissance.
Cependant, d’après Weissman, si l’on implantait des cellules du cerveau humain dans la cavité cérébrale vide d’une souris, on obtiendrait un fatras grumeleux, dépourvu de structure. Même si les cellules implantées réussissaient à s’organiser, elles agiraient probablement comme des cellules de souris.
Que l’on se rassure, si Weissman torture ces souris, c’est dans le but de créer un tube à essai vivant pour étudier les maladies comme les tumeurs du cerveau, les attaques cérébrales, la schizophrénie, les maladies d’Alzheimer et de Charcot et non pour rendre ces animaux plus intelligents.
Pour citer le président du comité d’éthique « La souris ne va pas se mettre debout et dire « salut, je suis Mickey. »
La morale est sauve…
Inspiration : un article de Mercury News du 14 février 2005