« Revenons à la souris »

C’est du moins ce que préconise le sinistre magazine américain Lab Animal entièrement consacré au négoce et à l’utilisation des « animaux de laboratoire », après avoir consacré son numéro précédent aux opportunités qu’offrent, pour la recherche, certains animaux exotiques, tels le rat du Nil et l’axolotl (une salamandre). Lab Animal revient donc ce mois-ci sur le modèle le plus « important » pour la recherche biomédicale : la souris, et en particulier, sur son utilisation dans l’étude des deux menaces que sont, pour la santé publique, l’obésité et les maladies infectieuses.

En introduction, l’éditorial présente deux estimations. La première est celle d’un comité dédié à une plus grande implication du corps vétérinaire dans la recherche biomédicale (Committee on Increasing Veterinary Involvement in Biomedical Research), effectuée en 1998, et qui prévoit une augmentation annuelle de 10 à 20% du nombre de souris utilisées jusqu’en 2010.

La seconde estimation émane d’autres sources non citées et évalue à 60 millions le nombre de souris qui seront nécessaires pour étudier la fonction de chacun des gènes du génome de la souris (qui en compte environ 30 000) ! Faites la multiplication pour connaître le nombre astronomique d’animaux supplémentaires qui vont être sacrifiés au nom de la science.

L’obésité augmente dans les pays développés. En dépit du nombre prodigieux de régimes proposés, une grande partie de la population semble incapable de se maintenir à un poids sain. Mais « heureusement », selon l’éditorialiste, il existe plus de 50 modèles disponibles de souris obèses – transgéniques, Knockout ou spontanés – censés fournir des outils inestimables pour l’étude des fondements génétiques et hormonaux de ce problème extrêmement répandu.

Quant aux maladies infectieuses, que certains avaient cru éradiquées dès les années 60, elles refont leur apparition avec l’émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques et de nouveaux agents pathogènes viraux, telle l’hépatite C.

Les chimpanzés sont les seuls animaux susceptibles de contracter l’hépatite C, mais il existe des obstacles éthiques – et économiques – à leur utilisation pour l’étude de la progression de cette maladie et de son traitement. Aussi a-t-on développé des modèles animaux alternatifs, parmi lesquels les souris transgéniques ayant un foie chimérique humain-souris.

Là, il n’y a plus d’obstacle éthique.

 

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