Royaume-Uni : « Augmentation choquante » des expériences sur les animaux

Source : The Independent

Mardi 21 juillet 2009
Le nombre d’animaux utilisés l’an dernier pour la recherche scientifique a augmenté de 15% par rapport à l’année précédente, ce qui correspond à un total de près de 3,6 millions d’individus, soit le plus grand nombre d’animaux jamais utilisés pour des expériences en laboratoire depuis 20 ans.
Publiées aujourd’hui par le Home Office, ces statistiques révèlent que le nombre d’expériences sur les animaux ayant débuté en 2008 a également augmenté d’environ 14%, pour atteindre un peu moins de 3,7 millions de procédures, ce qui correspond à peu près au nombre d’animaux utilisés. Soit une augmentation de 39% de l’expérimentation animale depuis que le parti travailliste est arrivé au pouvoir en 1997.
Le nombre d’animaux utilisés pour l’expérimentation animale avait commencé à diminuer dans les années 1990, mais au cours de la dernière décennie il a augmenté régulièrement chaque année, principalement en raison de la hausse du nombre de souris génétiquement modifiées utilisées par la recherche biomédicale. L’augmentation du nombre des expériences menées sur les animaux en 2008 est la plus importante enregistrée depuis plus de 20 ans.
Lord West, ministre du Home Office chargé d’encadrer la recherche sur les animaux au Royaume-Uni, a déclaré que l’augmentation générale des travaux de recherche à caractère biomédical menés en Grande-Bretagne explique facilement cette forte hausse du nombre d’animaux utilisés pour des expériences ainsi que des expériences elles-mêmes.
« Les statistiques actuelles indiquent une augmentation du nombre des expériences et le niveau global des procédures scientifiques est déterminé par un certain nombre de facteurs, dont le climat économique et les tendances de la recherche scientifique à l’échelle mondiale », déclare Lord West.
« En tant que régulateurs, nous veillons à maintenir un équilibre convenable entre le bien-être des animaux et le progrès scientifique et à ce que le système de régulation soit efficace, performant et impartial », ajoute-t-il.
Les souris, les rats et autres rongeurs constituent la grande majorité des animaux utilisés en 2008 (77% du total). On observe une hausse de 9% du nombre de souris par rapport à 2007, mais l’augmentation totale du nombre d’animaux expérimentés est due à une hausse de 85% du recours aux poissons, qui s’élèvent désormais à 278 000 individus.
« L’utilisation accrue des souris est liée à la recherche biologique fondamentale, aux études appliquées à la médecine humaine ou encore à la médecine dentaire et à la reproduction. Mais cette hausse s’explique en partie par un changement du stade de développement auquel un jeune poisson est pris en compte », déclare le rapport 2008 du Home Office sur les statistiques des procédures scientifiques sur animaux vivants en Grande-Bretagne.

Les autres groupes d’animaux ayant également connu des augmentations significatives en matière d’expérimentation concernent les amphibiens (+ 15 000 individus, soit une hausse de 81 %), les cochons (+ 3600, soit une hausse de 114 %), les moutons (+ 3100, soit une hausse de 9%), les dindes (+ 1500, soit une hausse de 135%) et les furets (+ 680, soit une hausse de 154%). Le nombre de singes macaques utilisés par la recherche a également augmenté de 1050 individus, soit une hausse de 33 % par rapport à l’année précédente.

Les associations pour les droits des animaux ont condamné ces augmentations qui représentent selon elle une trahison de la promesse faite par le Gouvernement de réduire la souffrance animale dans la recherche scientifique grâce à une politique de remplacement, de réduction et de raffinement des expériences sur les animaux chaque fois que possible.
« Une hausse aussi choquante de l’expérimentation animale devrait être un signal fort pour la classe politique qui devrait faire porter considérablement plus ses efforts sur le développement de méthodes de substitution [à la vivisection] dans le cadre de la recherche biomédicale », déclare Sebastian Farnaud, directeur scientifique de la fondation Dr Hadwen Trust.
« Ce n’est pas simplement pour éviter la souffrance animale, mais également pour que la recherche médicale bénéficie des avantages que les méthodes substitutives peuvent lui apporter », ajoute le Dr Farnaud.
Michelle Thew, directrice de la British Union for the Abolition of Vivisection, déclare : « L’augmentation choquante du nombre d’animaux soumis à des expériences est un scandale. C’est la septième année que l’on observe une hausse consécutive du nombre d’animaux utilisés. Il y a une réelle inquiétude du public à ce sujet. »
Cependant, Simon Festing, directeur exécutif d’Understanding Animal Research déclare que cette augmentation démontre que la Grande-Bretagne est en train de mener de plus nombreuses et de meilleures recherches pour trouver des solutions aux maladies graves. « C’est une poursuite de la tendance qui a vu les fonds pour la recherche biomédicale augmenter de plus de 50 % entre 1997 et 2006, tandis que les expériences sur animaux, elles, augmentaient de 12,5 % sur la même période », explique-t-il.
Un porte-parole de l’Association of the British Pharmaceuticals Industry a déclaré que l’augmentation du nombre d’expériences sur les animaux était pour une large part due au succès de la communauté scientifique britannique. Et d’ajouter « Parce qu’elle est reconnue comme étant l’une des meilleures au monde, l’investissement au sein des universités ainsi que dans l’industrie augmente. »
« En 2006, la dépense en Recherche & Développement était juste en-dessous de 4 millions de livres et en 2007 elle a augmenté de 14,7 % pour atteindre environ 4,5 millions de livres. C’est plus que jamais. Par conséquent, une augmentation connexe de la recherche sur les animaux a augmenté, mais le pourcentage n’est pas proportionnel – il est inférieur en raison de tout le travail fait en amont pour réduire le recours à la recherche sur les animaux », déclare-t-il.
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