La condition animale ET humaine
par Adrien Evangelista, collaborateur et consultant de la Fondation Hans Ruesch, de Antidote Europe et du CIVIS France (Centre d’Information sur la Vivisection et les Irrégularités Scientifiques), ATER en méthodologie de la recherche biomédicale dans les universités Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Nanterre, Créteil, ancien porte-parole de la Coalition Anti Vivisection – France
10 JUIN 2010
Bruxelles
A quoi d’autre fallait-il s’attendre, fin mars 2009, qu’à ce coup de poignard dans le dos des animaux de laboratoire de la part des parlementaires européens, arrosés par les industriels de la vivisection grâce aux gros profits que celle-ci génère ?
Voici la traduction en clair de quelques amendements anthologiques, votés par des députés européens, qui risquent fort d’empirer le sort déjà dramatique des animaux dans les laboratoires, non seulement en Europe mais bien au delà:
- Moins de justification scientifique nécessaire pour expérimenter sur les primates, et ce malgré la grande sensibilité du public à ce sujet. De plus, les demandes d’autorisation d’utiliser des primates seraient moins étudiées à la loupe.
- Report sine die des propositions de la Commission Européenne concernant l’arrêt de la capture des primates sauvages destinés à la vivisection.
- Autorisation/délivrance d’une licence pour la quasi-totalité des expériences: abandonnée à court terme (la majorité des recherches sur les animaux pouvant désormais être menée sans devoir soumettre au préalable une demande d’autorisation d’expérimenter).
- Autorisation de réutiliser de manière pratiquement illimitée les mêmes animaux, à l’exception d’une poignée d’expériences, parmi lesquelles les tests de toxicité et les lésions cérébrales provoquées.
- Autorisation, tenez-vous fort, de faire souffrir les animaux de manière intense et prolongée si une expérience le requiert.
De toute évidence les hommes politiques de tout bord n’accordent que très peu d’importance à l’opinion publique, qui se déclare majoritairement hostile à l’expérimentation sur les animaux, cela selon différents sondages d’opinion récents paradoxalement lancés par Bruxelles, et sur lesquels nous reviendrons après le prochain paragraphe.
Le projet REACH
L’italienne Fabrizia Pratesi, collaboratrice du père du mouvement antivivisectionniste mondial Hans Ruesch, est l’une des rares activistes à faire le lien entre écologie et protection animale, ce qui est inexplicablement peu commun.
Notamment à propos du Projet REACH [la vérification de chaque ingrédient chimique et/ou dangereux dans tous les produits alimentaires et ménagers commercialisés avant 1981, à tester rigoureusement sur des animaux, cela va de soi…], les écologistes se sont mis à dos la plupart des associations animalistes car ils insistaient pour que les tests de vérification soient effectués le plus vite possible, quitte à ce que ce soit sur des animaux. Bien entendu ils ignoraient que ces tests n’auraient pas été révélateurs pour deux sous des produits qui pouvaient nuire à la santé des humains; ils n’avaient à cœur que de découvrir si les aliments que l’on trouve dans nos grandes surfaces sont oui ou non assaisonnés avec des substances chimiques, et si oui lesquelles, et en quelle(s) proportion(s), et si elles créent une dépendance (comme ce fut constaté pour le tabac).
A titre illustratif, rappelons que le raisin peut tuer certains chiens (mais pas tous: donc les différences dans une même espèce ont également leur importance), que les agrumes représentent un poison pour le chat, qu’une poignée d’amandes peut s’avérer fatale pour un renard, que l’arsénique (pourtant jadis le poison préféré des assassins) peut être ingéré comme de l’eau par un mouton. Il existe des centaines d’exemples comme ceux-ci, seuls les cyniques ont parfois osé dire que c’était grâce à la science si nous avions découvert toutes ces différences entre espèces…
Le caractère non-prédictif des tests sur animaux ne peut donc vraisemblablement pas révéler quelles substances représenteraient un danger pour l’homme. Néanmoins, il a été établi à Bruxelles que 12,8 millions d’animaux allaient être sacrifiés dans les 11 premières années du REACH, et un total de 50,2 millions à terme, histoire de préserver les emplois malsains que garantit la vivisection.
Malgré un doute initial que l’association Equivita (dont Mme Pratesi est présidente) avait réussi à soulever quant à la non-fiabilité des résultats qu’engendrerait le Projet, en 2007 Bruxelles a fini par trancher en faveur de la concrétisation vivisectionniste du REACH. Au passage, ceci a été considéré comme une « victoire » par certains écologistes…
Seule la possibilité de réduire le temps et les coûts grâce aux méthodes substitutives (dont nous parlerons après le prochain paragraphe) a su séduire certains industriels, mais nous sommes bien loin de tout paramètre éthique, ne serait-ce que vague.
Début 2009, Bruxelles avait lancé un sondage à travers l’Europe pour savoir ce que l’opinion publique pensait de l’encadrement législatif concernant les animaux de laboratoire. A la question « Seriez-vous favorable à l’expérimentation médico-pharmacologique sur animaux, en sachant que le seuil de douleur infligée resterait tolérable et contrôlé ? », 77% a répondu NON.
[Note: Comment quantifier la douleur d’un animal ? Un « comité d’éthique » est sensé estimer si oui ou non les animaux de laboratoire souffrent beaucoup ou peu, et si leur degré de souffrance est justifié par l’importance d’une expérience donnée. Sans doute, l’appellation de « comité ironique » serait-elle plus appropriée à ce type de fonction.]
Il faut retenir deux points:
- Les députés sont théoriquement censés représenter le peuple et, de ce fait, refléter sa volonté. Pourtant en mars, en mai, et en novembre 2009, tout a été mis en œuvre afin que les lois concernant le bien-être (?) des animaux de laboratoire soient rendues plus floues que jamais. Les organismes de protection animale espéraient une révision des lois catastrophiques de 1986, mais finalement nos représentants politiques ont préféré empirer le tableau.
- Malgré le fait que la question-piège du sondage parlait de recherche médicale, Bruxelles ne cherche en fait qu’à promouvoir et justifier le projet REACH, qui concerne une toute autre industrie: celle chimico-alimentaire.
Les méthodes substitutives, une science éthique, et qui marche
Entre 1980 et 1985, certains laboratoires ont développé une technique révolutionnaire consistant à tester sur des tissus humains les substances pharmaceutiques issues de la recherche. Rassurez-vous, les tissus en question étaient en fait des « restes » d’interventions chirurgicales, récupérés d’hôpitaux, sur lesquels les chercheurs pouvaient travailler sans endommager inutilement des êtres vivants. Ironiquement, ces laboratoires s’étaient résolus à expérimenter sur ce matériel de fortune pour la seule et unique raison qu’ils n’avaient plus les moyens d’acheter des cobayes !
Le fait d’expérimenter sur ce type de support mena rapidement à des pistes fort encourageantes, l’utilisation animale n’ayant fourni que de vagues suppositions contradictoires pendant près d’un siècle. Les avantages étaient multiples: les restes ne coutaient rien ou presque, les tissus humains réagissaient de façon infiniment plus révélatrice que toute autre tissu animal, les premiers résultats arrivaient rapidement. En effet il ne faut pas oublier qu’une recherche vivisectionniste implique des coûts faramineux, allant du transport des animaux jusqu’à la nécessité de les nourrir, et s’étend en général sur 5 à 10 ans. Les méthodes substitutives, quant à elles, excluent d’entrée toute dépense relative aux cobayes, et produisent des indices concrets parfois en une semaine à peine.
Avec l’aide de la bio-informatique (schématiquement: la reproduction virtuelle d’un organisme humain par ordinateur), cette nouvelle technique s’apprêtait à devenir la méthode de référence dans le monde de la recherche.
Au détail près que le lobby pharmaceutique ne voyait pas les choses de la même façon.
Dans son premier ouvrage anti-vivisection, HONTE ET ÉCHECS DE LA MÉDECINE [traduction et adaptation française de IMPERATRICE NUDA, paru en Italie en janvier 1976 de la plume du même auteur], Hans Ruesch démasquait les puissants acteurs de l’industrie pharmaceutique (généralement appelée Pharma; ou Big Pharma en anglais), révélant que leur but n’était guère de soigner l’humanité, comme ils le clament haut et fort aujourd’hui encore, mais plutôt de s’enrichir en spéculant sur la santé publique.
En effet il n’y a plus un centime à gagner d’une maladie lorsqu’on lui trouve un remède définitif, l’astuce consiste donc à repousser indéfiniment le moment d’aboutir à des progrès concrets contre les maux qui nous affligent: c’est précisément ce que l’expérimentation animale permet de faire.
Peut-être le lecteur attentif commence-t-il à deviner pourquoi la Pharma n’encourage pas la propagation des méthodes substitutives, dont l’efficacité et la rapidité joueraient clairement en défaveur des intentions lucratives du lobby.
Afin de s’assurer que ces méthodes éthiques et fiables (en un mot: scientifiques) fassent leur apparition sur le marché le plus tard possible, un organisme a été créé par la Commission Européenne en 1991, l’ECVAM, ou CEVMA en français: Centre Européen pour la Validation des Méthodes Alternatives. Vous remarquerez que ce nom comporte le mot alternatives, nuance intéressante qu’il est primordial de démystifier: il faut scrupuleusement utiliser l’adjectif substitutives à la place d’alternatives. En effet ce dernier terme laisserait entendre que l’expérimentation animale est une méthode qui marche, mais qu’il existe une « alternative » à celle-ci. Les deux techniques mèneraient donc aux mêmes résultats. Or il n’en est rien: la vivisection est d’une inutilité déconcertante, elle n’a jamais fait ses preuves autrement que par le fruit du hasard (notamment par les coïncidences biologiques, sur lesquelles nous reviendrons plus tard), elle n’est pas fiable scientifiquement, et se révèle même être fortement dangereuse pour l’homme, vu que le modèle animal ne comporte aucun caractère prédictif pour nous. Pour être encore plus clair: aucune espèce ne peut être prise comme modèle biologique d’une autre.
L’adjectif substitutives se distingue de l’autre car il exclut l’idée, par ailleurs infondée, que le chemin habituel soit le plus efficace, et de ce fait, l’annule. Les méthodes substitutives étant fiables, l’expérimentation animale ne l’étant pas, le terme alternatives s’en trouve inapproprié.
Soulignons également que là où l’expérimentation animale n’a jamais été validée par qui que ce soit, voilà que la méthode éthique et rapide a, quant à elle, besoin d’une validation administrative…
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L’un des orateurs incontournables en matière de méthodes alternatives/substitutives s’avère être l’actuel député PS de la 3ème circonscription du Rhône. A la fois vivisecteur et professeur de médecine (cherchez l’erreur), monsieur est l’heureux inventeur de la souris à l’ADN humain. Mais oui: si le modèle animal induit en erreur à cause de ses caractéristiques différentes d’espèce en espèce, pourquoi ne pas créer un monstre hybride sur lequel tester impunément pour le bien de l’humanité ? On pense parfois à une adaptation moderne, mais hélas bien réelle, du roman de Boulgakov Cœur de chien. On pense aussi à L’île du Dr Moreau de H.G. Wells. Ce qui est inquiétant c’est que ces romans d’il y a un siècle décrivaient des expériences sur animaux qui, pour l’époque, relevaient de la science-fiction; alors qu’aujourd’hui ils illustrent précisément ce qui se passe dans les laboratoires: la création de souris et de primates auxquels on inculque un ADN humain « pour ne plus se tromper ». Car même si les chercheurs ont compris que nous ne sommes pas pareils, ils tardent diligemment à se consacrer aux méthodes substitutives.
Notre docteur et homme politique affirme que les résultats qu’il a obtenus jusqu’ici sur ses souris sont « encourageants » (cela veut probablement dire qu’il n’en a pas, bien qu’il y travaille depuis plus de 6 ans) et que nous pouvons espérer obtenir un vaccin contre le Sida grâce à lui d’ici 10-15 ans.
N’est-il pas un brin paradoxal qu’un vivisecteur soit systématiquement aux premières loges pour parler de méthodes « alternatives » ? D’autant plus qu’il ne fait qu’en souligner les (faibles) limites, pour sous-entendre que la vivisection serait la seule méthode qui marche vraiment.
En réalité les tests sur animaux ne sont fiables qu’à 30% maximum, ce qui signifie que même un pari à pile ou face serait beaucoup plus crédible puisque les chances de tomber juste monteraient alors à 50%. En outre, les méthodes substitutives coutent entre cent et mille fois moins cher et amènent à des résultats précis, à l’opposé de la vivisection, dont l’issue des expériences reste toujours très floue.
M. le député a également co-signé fin 2009 un rapport parlementaire [http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-off/i2145.asp] sur les méthodes alternatives (vous comprendrez que, dans sa position, il ne peut pas se permettre d’employer le terme « substitutives »), mais étrangement ce rapport vante les bienfaits (?) de l’expérimentation animale.
Par ailleurs, ce même médecin est membre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), il est pourtant difficile d’espérer qu’il se batte pour promouvoir les méthodes substitutives alors que lui-même ne les adopte pas.
Alors comment y voir clair ? Ces méthodes devraient être validées par des scientifiques, seulement voilà: ces scientifiques sont des vivisecteurs !
Soyons directs: ce professeur espère être celui qui mettra au point un vaccin révolutionnaire, comment imaginer un seul instant qu’il puisse soutenir et encourager les recherches rapides, peu couteuses et éthiques de la recherche substitutive ?
C’est là que se situe la fragile frontière entre pouvoir et abus de pouvoir.
Fraude scientifique et participation active des gouvernements
La recherche vivisectionniste s’obstine à rabâcher que les méthodes substitutives présentent encore des limites.
Voyons lesquelles.
La bio-informatique et les techniques in-vitro et in-silico ne permettraient pas de produire des résultats réalistes, les substances à tester devant nécessairement passer par un organisme vivant. Seulement voilà, les organismes desquels parlent ces savants tortionnaires appartiennent à des animaux, et qui plus est, tous différents les uns des autres. En quoi exactement ce passage devrait-il donc nous renseigner sur les effets qu’un médicament peut avoir sur l’homme ?
Il est vrai que la bio-informatique dépend d’une technologie qui ne sera au point à 100% que dans deux décennies environ. Néanmoins les aficionados de l’expérimentation animale veulent nous faire croire que celle-ci serait la seule méthode valable dans l’attente que les techniques substitutives soient assez sophistiquées. Or non, loin s’en faut. En plus d’un siècle, la recherche vivisectionniste n’a donné que des doutes et des incertitudes, au prix de milliards d’animaux torturés et de millions de victimes humaines (les effets collatéraux des médicaments représentent la quatrième cause de mortalité dans le monde), faute de molécules dont le danger qu’elles représentaient pour l’homme n’avait pas été constaté sur les cobayes de laboratoire.
Soulignons ensuite que si les deux recherches, celle déroutante et celle efficace, recevaient chaque année par l’Etat les mêmes sommes d’argent pour procéder à leurs expériences, la première se retrouverait anéantie par le succès de la seconde; et les décideurs politiques ne sont pas sans le savoir.
La bio-informatique est déjà extrêmement avancée, bien qu’elle n’existe que depuis 20-25 ans. De l’autre coté, l’expérimentation animale sévit depuis 100-130 ans, et ne s’est rendue célèbre que par les dégâts qu’elle a causé, et qu’elle continue d’engendrer.
A titre informatif, il semblerait que seulement 122’000 € aient été alloués au développement des méthodes substitutives en France entre 1994 et 1997, contre plusieurs milliards d’euros pour l’expérimentation animale. Certes, ces informations sont un peu datées, mais le Ministère de la Recherche refuse de communiquer ses chiffres actuels. Vous avez dit transparence ?…
N’oublions pas que nous parlons ici de l’argent du contribuable, pantin anesthésié par la pensée pré-mâchée qui lui est servie par les médias, ceux-ci étant achetés et/ou contrôlés plus ou moins directement dans chaque Pays occidental par l’industrie chimico-pharmaceutique.
Il semble donc y avoir une volonté précise de faire en sorte que la vraie science soit ralentie en faveur d’une pseudo-science sinistre et lucrative. En d’autres termes, une volonté de nuire.
Une preuve ultérieure ? En 1993 une proposition de loi visant à la création d’une commission nationale des méthodes substitutives à l’expérimentation animale a été déposée au Parlement par le député François d’Harcourt, puis co-signée par une centaine d’autres députés. Le sénateur Louis Souvet avait également présenté au Sénat la même proposition, successivement co-signée par de nombreux autres sénateurs.
17 ans et quelques gouvernements plus tard, cette proposition de loi n’a encore jamais été discutée en Assemblée Nationale, officiellement par manque de temps.
L’expérimentation animale vivisectionnée à son tour
Lorsque l’on parle de savants « géniaux » qui ont fait l’Histoire de la recherche, comme Pavlov ou Pasteur, on devrait d’abord dénoncer les méthodes ridicules ou complètement fortuites adoptées par ces messieurs.
Des chercheurs en avance sur leur temps ? Pavlov, prix Nobel de médecine en 1904, n’a prouvé qu’une chose: qu’un chien affamé a très envie de manger. Il fut élève de Claude Bernard, inventeur de la vivisection moderne, un biologiste qui mettait des chiens vivants au four pour tenter de percer les mystères de la fièvre. Il n’y parvint jamais, mais fut abandonné par sa femme et sa fille lorsque, dans un élan d’intuition scientifique, il sacrifia leurs deux chiens domestiques pour les progrès de la recherche. Notons que malgré de nombreuses tentatives, le physiologiste Bernard ne réussit jamais à devenir médecin, et qu’il s’illustra en fin de carrière pour la sincérité de son propos:
« J’ai les mains pleines de sang et vides de résultats ».
Pavlov n’a eu son Nobel que parce qu’il avait une multitude d’alliés dans la commission scientifique qui décernait les prix. Et c’est encore le cas aujourd’hui, en ce qui concerne les Nobel de médecine: prenez Luc Montagnier, il a eu le Prix pour une découverte qu’il n’a jamais faite, à savoir le lien entre HIV et Sida.
Quant à Pasteur, tout ce qu’il a « trouvé » existait bien avant qu’il ne s’y intéresse: voici un homme qui n’a fait que patauger dans le doute et les erreurs, a usurpé des notes à ses confrères, et enfin a mis son nom sur une « découverte » qui, comme toujours, était due au hasard et non à la science.
Les chercheurs tentent de nous vendre l’idée que l’expérimentation est une valeur sure pour l’avancée de la recherche. Ainsi, dès qu’ils ont la chance de tomber juste (ce qui statistiquement est inévitable, tôt ou tard), ils prétendent que tel ou tel progrès est dû à leur investissement scientifique: de ce fait, toute initiative est légitime, à commencer par le sacrifice animal.
En réalité ces expériences n’ont aucun caractère de nécessité puisque leurs résultats ne sont pas transposables d’une espèce à l’autre, et ne renseignent donc pas sur les effets toxiques d’une substance X ou Y sur les autres animaux, humains ou pas.
Si nous voulons guérir l’homme, c’est l’organisme humain qui doit faire l’objet de l’étude.
L’origine et le développement des maladies étant différents au cas par cas, il y a fort peu de chances pour que de réelles avancées scientifiques viennent d’études effectuées sur les animaux. Quand on sait que le cancer débute par un dérèglement cellulaire spontané, alors que chez les animaux de laboratoire la maladie est injectée artificiellement (ce qui rend par définition incomparable l’issue des deux cas de figure homme / animal), il y aurait tout intérêt à reporter les crédits sur les recherches en biologie cellulaire et moléculaire humaines.
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L’expérimentation animale comporte d’entrée deux contradictions « méthodologiques » énormes:
1) La vivisection est exigée par la loi, alors que tout est orchestré afin qu’une certaine confusion nous laisse croire que c’est la recherche scientifique qui ne peut se passer de cette méthode.
2) Lorsque l’on demande aux chercheurs pourquoi ils utilisent des animaux, ils répondent « Parce qu’ils sont comme nous ». Ensuite, face aux désastres générés par des principes actifs tels que Vioxx ou Thalidomide (pourtant savamment testés sur animaux avant leur mise sur le marché), si l’on demande à ces mêmes chercheurs émérites pourquoi ils n’avaient pas prévu ces conséquences catastrophiques (phocomélie, absence d’organes génitaux, angoisse profonde menant au suicide, cancer, perte de la vue, perte de poids, de cheveux, et même de doigts…), ces messieurs répondent « Parce que les animaux ne sont pas comme nous ».
De quoi nous rassurer, nul doute.
Morale: lorsque le médicament doit être mis sur le marché pour être vendu, l’animal et l’homme sont pareils. Quand les laboratoires sont trainés en justice par les familles des victimes d’effets secondaires, et qu’ils doivent les dédommager, l’homme et l’animal deviennent différents.
Dans un monde juste, l’argument éthique devrait à lui seul exclure ne serait-ce que l’hypothèse qu’une telle technique pseudo-scientifique soit adoptée. Mais notre monde est-il juste ?
Nous avons déjà vu quelques-uns parmi les centaines d’exemples alimentaires démontrant que les animaux ne réagissent pas comme nous à certaines substances (raisin/chiens, agrumes/chats, amandes/renards, il y aurait aussi le persil qui tue le perroquet, et ainsi de suite), prenons maintenant en examen des éléments pharmaceutiques et observons les différences constatées entre espèces diverses, ainsi que leurs conséquences.
Premier exemple: l’aspirine, le médicament le plus utilisé au monde. Heureusement pour l’homme, celle-ci fut découverte avant que l’expérimentation animale ne devienne le critère absolu de validation scientifique. Il est toutefois nécessaire de souligner que notre aspirine provoque des malformations congénitales chez la souris, l’animal de laboratoire le plus utilisé en raison de son faible prix. En clair: si la condition pour la mise en vente de l’aspirine avait dû dépendre de ses effets sur les souris, nos chercheurs auraient tout bonnement privé l’humanité de son principe actif le plus utilisé.
Ensuite, la pénicilline. Cet antibiotique s’avère être inoffensif sur le rat et la souris mais mortel sur le hamster et le cochon d’Inde. Quatre rongeurs, deux résultats opposés. Or 46% des substances qui se révèlent cancérigènes pour le rat ne le sont pas pour la souris, ces deux-là fournissant en laboratoire jusqu’à 61% de résultats contradictoires. Et d’ailleurs, n’est-il pas incorrect de dire « le » rat et « la » souris, au singulier ? Il existe environ 250 lignées de rats et 340 de souris, autant de nuances constatables lors des tests que ces animaux endurent pour les avancées de la connaissance scientifique. La tentation de demander aux vivisecteurs s’ils se sentent plus proches du rat ou de la souris devient alors très forte: quel lien peut-il vraisemblablement y avoir entre ces animaux non-humains et l’homme, vu que les indices obtenus sur certains rongeurs ne sont même pas exploitables entre les différentes catégories de cette même espèce ? Une étude s’avérant « encourageante » sur le rat peut être aussitôt démentie par des résultats démoralisants obtenus sur le cochon d’Inde. A fortiori, comment pouvoir envisager d’étendre ces pseudo-critères d’analyse vers une toute autre espèce ? Que de coups durs pour nos chercheurs, dont les certitudes tiennent déjà sur un fil.
Dans le même registre, les primates de l’Ile Maurice ne donneraient pas les mêmes résultats que leurs cousins de la même lignée originaires du Viêt-Nam. La provenance géographique et contextuelle de chaque individu (y compris de l’homme) aurait donc une incidence non négligeable sur son métabolisme, mais les laboratoires préfèrent insister sur l’improbable parallélisme « primate de la jungle / homme de la ville », allant jusqu’à comparer l’organisme hyper-stérilisé d’un cobaye d’élevage avec celui abondamment pollué d’un homme habitant à Tokyo ou Mexico.
Etrange comparaison que celle entre homme et souris, ou homme et cobaye, ou encore homme et rat. Ressemblons-nous à des rongeurs ? Vivons-nous dans les égouts ? Notre maturité sexuelle advient-elle à l’âge de 3 mois, comme la leur ? Les rongeurs conduisent-ils des voitures, ont-ils des problèmes au travail, sont-ils d’une manière générale stressés par le quotidien ?…
Il est capital de rappeler que les souris ne développent pas de cancer d’elles-mêmes, et que les tumeurs qui leur sont inoculées en laboratoire ne produisent pas de métastases, au grand dam des chercheurs.
Finalement, il n’est pas surprenant que le chercheur allemand Thomas Hartung, ancien directeur de l’ECVAM, ait été en 2009 l’auteur d’un article publié dans Nature, revue scientifique s’il en est, dans lequel il dénonçait l’effarant manque de fiabilité de l’expérimentation animale, et observait: « Nous ne sommes pas des rats de 70 kg. » [Toxicology for the twenty-first century, Nature, 8 juillet 2009]
Voici à présent l’histoire d’un médicament censé soulager les femmes enceintes de leurs angoisses et nausées, la Thalidomide, mais qui allait finalement réserver aux futures mères une angoisse de laquelle elles ne se seraient plus jamais libérées: celle de mettre au monde des enfants difformes.
Médicament utilisé durant les années 1950 et 1960, il provoqua de graves malformations congénitales des membres et dut être retiré du marché mondial en 1961, suite au scandale de sécurité sanitaire qu’il souleva.
Les tests sur l’animal n’avaient démontré aucune toxicité particulière. Il s’avère en effet que les rongeurs ne sont pas sensibles à ce médicament, car les métabolites synthétisés sont différents entre les rongeurs et les autres mammifères.
Le médicament fut donc mis sur le marché le 1er octobre 1957 dans environ 50 pays (mais pas aux Etats-Unis) sous au moins 40 noms différents: Softénon, Talimol, Kevadon, Nibrol, Sedimide, Quietoplex, Contergan, Neurosedyn, etc.
Dès 1960, la Thalidomide se manifesta par une augmentation des anomalies des membres sur le développement fœtal. Ces anomalies touchaient les bébés de manière plus ou moins importante, cela allait de l’absence totale de membres à l’absence de l’extrémité d’un membre, en passant par la phocomélie (réduction du segment intermédiaire).
Un obstétricien écossais prouva que sur dix mères ayant donné naissance à un enfant malformé, neuf avaient pris de la Thalidomide.
Après le retrait de ce médicament en décembre 1961, un débat éthique s’ouvrit, posant le problème moral de l’interruption de grossesse chez les femmes ayant déjà absorbé de cette substance.
Environ 15’000 fœtus ont été affectés par la Thalidomide, parmi lesquels 12’000 (dans 46 pays) nés avec des défauts congénitaux: 3’000 victimes rien qu’en l’Allemagne, très peu en France où le médicament n’était pas commercialisé. Parmi eux, seuls 8’000 ont vécu au delà d’un an.
En ce début du XXIème siècle, la plupart des personnes affectées sont encore en vie mais beaucoup gardent des handicaps occasionnés par le médicament.
Plus tard, on découvrit même que les handicaps et déformations de bien des survivants à la Thalidomide se transmettaient à leurs propres enfants par le truchement de l’ADN modifié.
Notons que ce principe actif avait très intelligemment été testé sur des animaux mâles uniquement, alors que son utilisation était prévue pour des femmes enceintes.
Après-coup, la Thalidomide fut donc re-testée: il fallait comprendre où était l’erreur. A nouveau, des millions d’animaux furent sacrifiés, cette fois-ci avec la ferme intention de découvrir un indice pouvant révéler l’origine du méfait. L’on constata que les lapines mettaient au monde, elles aussi, des bébés phocoméliques, mais seulement si elles recevaient des doses de Thalidomide extrêmement fortes. Autrement dit, la recherche avait réussi à trouver une similitude entre homme et lapin (revoilà les coïncidences biologiques, comme vous le voyez elles ne peuvent pas être considérées un barème fiable) laissant entendre que l’erreur des laboratoires n’avait donc pas été de tester sur les animaux, mais plutôt de ne pas avoir assez testé…
En réalité, même si ces résultats avaient été obtenus avant la commercialisation du produit, la faible statistique d’insuccès aurait de toute façon joué en faveur des spéculateurs, qui auraient indubitablement décidé que les effets collatéraux ne touchaient « que » le lapin et « que » à de très fortes doses, sous-entendant que l’être humain n’avait donc rien à craindre.
Après tout, le protocole avait été respecté: la loi oblige les laboratoires à tester sur l’animal tout produit créé par la recherche. De ce fait, n’importe quelle firme pharmaceutique est toujours protégée en cas de problème médical et/ou légal.
Pourtant, l’une des plus grandes revues scientifiques des Etats-Unis, le Journal of the American Medical Association, déclarait à ce propos en 1964: « Un problème de fond que nous nous trouvons à devoir résoudre, à cause des réglementations et de ce qui les a causées, est notre attitude non-scientifique concernant les études sur animaux. Ces études sont effectuées pour des raisons juridiques et non pour des raisons scientifiques, elles n’ont donc aucune valeur prédictive pour l’homme; ce qui veut dire que toute notre recherche pourrait n’avoir aucune valeur. »
Penchons-nous sur un quatrième exemple, le Vioxx.
C’est un médicament anti-inflammatoire notamment utilisé dans le traitement des états douloureux aigus. Il a été retiré du marché en 2004 à cause de problèmes liés à un risque accru d’infarctus. Selon une étude de la FDA (l’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments), 27’785 décès et problèmes cardiaques pourraient avoir été causés par le Vioxx entre 1999 et 2004. Ce n’est qu’après cette enquête qu’il a été décidé de retirer ce médicament du marché, bien que de nombreuses études précédentes indiquaient des risques importants quant à l’utilisation de ce produit.
Le Vioxx avait été testé sur 2600 patients en trois ans. L’étude avait été interrompue plus tôt que prévu devant le quasi-doublement du nombre d’infarctus dans le groupe traité.
Le retrait de la molécule a donné lieu à d’importantes controverses sur la diffusion des informations, mettant en cause les laboratoires pharmaceutiques. Il semble en effet que des données sur la majoration des risques cardiovasculaires étaient disponibles dès 2001, soit trois ans avant le retrait de la molécule. Et le risque de décès aurait pu être détecté près de quatre ans avant son retrait volontaire du marché mondial par son fabricant, advenu en 2004.
Fabricant qui, entretemps, a engrangé un chiffre d’affaires annuel de 2 milliards $.
Nous avons vu qu’un médicament ne peut pas être commercialisé s’il ne passe pas préalablement par la case animale. Les tests n’avaient rien révélé d’anormal pour la Thalidomide, puis finalement si, un peu, lorsque le mal était déjà fait…
Le Vioxx, de son coté, a-t-il procuré des infarctus aux cobayes sur lesquels il a été testé ? Si la réponse est non, nous venons de prouver une nouvelle fois que l’expérimentation animale ne dit rien sur les effets qu’une substance donnée pourrait avoir sur l’homme.
Si la réponse est oui, alors pourquoi les laboratoires ont-ils quand-même mis en vente le Vioxx ?
Le TGN 1412, pour finir, est un médicament qui n’a jamais été commercialisé. Lorsqu’en mars 2006, à Londres, quelques volontaires ont répondu à une annonce pour tester ce produit en tant que cobayes humains, ils ne se doutaient pas que leurs vies allaient changer à jamais. Le TGN était sensé soigner certaines maladies cancéreuses (notamment la leucémie) ou de nature immunitaire, sauf qu’en une poignée d’heures il a réduit quasiment en fin de vie six des huit jeunes testeurs. Ils ont commencé à ressentir d’intenses douleurs à la tête, se sont mis à transpirer, à vomir, puis à perdre connaissance. Ils ont alors été transférés dans une unité de soins intensifs. Dans leur état comateux, certains ont perdu du poids, d’autres leurs cheveux, d’autres encore ont vu les extrémités de leurs doigts et orteils pourrir et devoir être amputés.
Très vite, le laboratoire a dû révéler que les deux personnes qui n’avaient pas subi d’effets non-souhaités n’avaient en fait absorbé que de simples placébos. Pour tout complément d’information, vous pouvez consulter cet article: http://www.lemonde.fr/planete/article/2006/03/17/le-premier-essai-humain-d-un-futur-medicament-tourne-mal-a-londres_751759_3244.html
On entend souvent dire que le singe est très semblable à l’homme, entre 97 et 98% selon les espèces. Les laboratoires qui disposent de budgets considérables n’hésitent donc pas à acheter des primates. Ce modèle animal étant soi-disant le plus proche de nous, les résultats qu’il fournit seraient théoriquement plus fiables que ceux obtenus sur des cochons, des chiens, des chats, des crustacés, des poissons, des chevaux ou des perroquets. Autant d’espèces que vous pouvez rencontrer dans les cages sombres et glaciales des laboratoires censés sauver le monde.
Les tests préliminaires du TGN 1412 avaient été effectués sur ce fameux modèle animal « si proche de l’homme », le primate. Chaque singe avait reçu non pas un mais 500 comprimés de TGN, mais n’avait pourtant manifesté aucun effet indésirable.
Le tableau international, quelques exemples
- Amérique du Nord
Aux USA les écoles organisent des « classes de science » pour des enfants de 8-12 ans, leur montrant des singes qui fument (les fameux tests sur le tabac), ce qui fait rire tout le monde. Ainsi, les bambins sont amenés à faire abstraction de l’expérimentation animale dès leur plus jeune âge. Les chiens et les chats portent des masques pour les mêmes tests, mais vu que les primates ont des mains, on leur apprend directement à faire le geste, donc ils fument activement et non passivement: les enfants croient être au cirque, et on leur tient un discours explicatif drôle afin qu’ils n’y voient rien d’étrange. Au contraire, tout est mis en place pour qu’ils trouvent cela fort amusant.
Ces tests sont eux aussi exigés par la loi pour vérifier et prouver que la fumée tue…l’homme !
Il est intéressant de signaler qu’en 110 ans d’expériences sur les effets du tabac, aucun animal n’a développé de tumeur aux poumons, jamais. Ils sont soumis à la fumée continue de 8 à 12 heures par jour, et de 5 à 7 jours par semaine selon les laboratoires, pourtant (répétons-le pour que ce soit clair) zéro cas de cancer pulmonaire en plus d’un siècle de vivisection.
Essayons de nous en rappeler quand des illuminés veulent nous faire croire que l’expérimentation animale est « un mal nécessaire » et que les animaux sont « comme nous ».
Ajoutons qu’énormément de vivisecteurs sont végétariens car ils disent « respecter » les animaux, sans lesquels ils ne pourraient mener à bien ces recherches inutiles.
A ce propos, surtout ne faut-il jamais tomber dans le piège de l’apparente bonne foi des chercheurs. Ils ont simplement compris qu’ils ont meilleure réputation s’ils se montrent désolés: ils ont d’ailleurs des coaches publicitaires chargés de les briefer sur les tendances à suivre, et il en était déjà ainsi dans les années ’40.
Jadis, les vivisecteurs tenaient ce genre de propos: « Laissez-nous travailler, vous ne savez même pas de quoi vous parlez ! Vous voulez peut-être nous apprendre notre métier ? Vous êtes trop sensibles ! La science implique hélas des sacrifices, nous luttons pour sauver des vies [humaines uniquement, Ndr], etc. ». Aujourd’hui ils pensent exactement la même chose, mais ils sont désormais conscients que les gens en savent beaucoup plus qu’avant sur deux points: 1) la supercherie de l’industrie pharmaceutique, dont il est évident, comme nous l’avons vu, qu’elle n’a aucun intérêt à soigner les maladies si elle veut continuer à gagner de l’argent dessus; et 2) le fait que le modèle animal n’est pas idéal pour la recherche, comme on veut nous le faire croire avec le célèbre « Il faut choisir: le chiot ou le bébé ». Cette notion complètement illégitime et fantaisiste a pour seul but de troubler les consciences, ce choix n’ayant en réalité aucune raison d’être effectué. La science serait en mesure de veiller sur le chiot ET le bébé, mais préfère la plupart du temps endommager les deux.
- Inde / Népal
Le fournisseur officiel de primates pour les laboratoires américains était, jusqu’en 2007 inclus, l’Inde. Mais une enquête révéla les abominables conditions de transport, détention et expérimentation auxquelles ces animaux étaient pliés, des conditions que les Etats-Unis avaient toujours soigneusement caché au gouvernement Indien. Ce dernier, croyant vendre ces êtres ignares à des scientifiques gentils et concernés par l’éthique, les expédiait de fait en enfer. Malgré la réalité économique particulièrement difficile de ce continent, dès que l’Inde a pris connaissance des faits, elle a mis le mot fin au commerce de macaques avec les USA, qui se tournèrent alors vers le Népal.
Lorsque l’issue de la campagne Gateway To Hell (créée pour empêcher le Népal, 6ème pays le plus pauvre au monde, de résister à la tentation de vendre ses primates aux USA), a été couronnée de succès en début 2009, les militants de la cause animale ont crié victoire. C’était grâce aux efforts collectifs du militantisme international que les primates népalais avaient échappé à la mort lente et atroce qui avait déjà eu raison d’une soixantaine de leurs semblables dans les laboratoires américains implantés sur place: le type de macaque précédemment fourni aux chercheurs laissait en effet à désirer et, au lieu d’ouvrir la porte du laboratoire afin que ces animaux puissent en sortir (car le centre de recherche se trouvait en pleine forêt. Il était surveillé jour et nuit par trois gardes armés, ce qui peut sembler intriguant si l’on considère que les chercheurs disent travailler pour le bien de l’humanité), ils y furent tués par injection.
La même chose arrive fréquemment dans les laboratoires occidentaux lorsque l’été est aux portes: il reste des animaux en cage mais tout le monde veut partir en vacances, donc qui nourrira les cobayes? Mieux vaut les supprimer (c’est d’ailleurs la seule délivrance qu’ils connaitront de toute leur vie) et en commander de nouveaux à la rentrée, c’est plus pratique.
Réalistement, nous pouvons imaginer que ce n’est pas parce que le Népal refuse de leur vendre des singes, que les USA ne se les procureront pas ailleurs. Ceci confine un peu notre victoire à simple succès symbolique, ce qui n’est néanmoins guère à sous-estimer pour le moral collectif. Et le fait d’avoir sauvé de nombreux primates de l’emprise américaine représente, disons-le, une réussite inestimable.
[Note: Quelques mois après la campagne Gateway To Hell, des centaines de milliers d’animaux ont été tués dans ce même Népal pour une fête religieuse ayant lieu tous les 5 ans. 200’000 animaux tués à l’arme blanche rien que dans le premier quart d’heure. Et la « fête » dure 3 jours.]
- Allemagne
En 2008 l’Allemagne gardait déjà 1300 primates emprisonnés dans ses laboratoires, mais en a demandé (à qui ?) 500 de plus l’année suivante. Néanmoins le gouvernement a signifié que la « recherche » sur primates n’avait rien donné depuis plus de 20 ans (c’est à dire depuis toujours), et que donc rien ne justifiait de faire monter le chiffre des animaux à 1800. Une grande polémique interne s’en est suivie, mais il est légitime d’imaginer que la Pharma exercera assez de pressions pour exaucer les vœux des chercheurs.
- Corée
En Corée du Sud, un laboratoire a sabré le champagne car ses « chercheurs » ont réussi, début 2009, à créer un chien fluorescent pour pouvoir observer l’évolution des maladies qu’on lui injecte, sans besoin de l’ouvrir à chaque fois (ce qui à la longue le tue, vous comprenez)…
Une grenouille transparente avait déjà été créée dans le même but l’année précédente.
L’incohérente situation actuelle
En France, le foie-gras chute mais la fourrure ne s’est jamais aussi bien vendue que l’hiver dernier. Il-y-avait pourtant eu une baisse de ce commerce honteux en 2006, les fourrures avaient presque disparu de nos villes, mais voilà que ce phénomène semble revenu en force. Le mouvement allant par vagues, peut-être la baisse du foie-gras n’est-elle que tristement passagère.
La demande de fourrure est à ce jour colossale, et il est possible que la Chine récupère le marché européen des peaux de phoques canadiens, ce qui signifierait que l’interdiction européenne d’importation et de vente, datant de l’année dernière, resterait symbolique.
Nous en venons à un point crucial: la nécessité absolue d’informer et sensibiliser le public par tous les moyens. Trop de gens croient encore que la fourrure est délicatement retirée d’animaux décédés de mort naturelle, au même titre que des millions de gens défendent moralement les droits animaux tout en soutenant des ligues de recherche comme Telethon, Aides, ARC, etc.
Il est impératif de maintenir une pression afin de décourager le public d’alimenter ces œuvres et campagnes pro-vivisection, et d’encourager le refus de la dissection pédagogique pour leurs enfants ainsi que pour les étudiants en médecine et biologie. Comment ? En renseignant notre entourage sur les tests sur animaux, par un argumentaire responsable et éclairé en la matière, entre autres en vue d’une modification de nos habitudes de consommation (produits non testés, alimentation…).
Ce que nous voyons aujourd’hui est le résultat de la désinformation, ou de l’information dirigée qu’imposent nos médias: par exemple, grâce à certaines émissions télévisées nous savons tous que les chasseurs disent aimer les animaux et avoir la « responsabilité » fort délicate d’en contrôler le nombre et la diffusion…
En mai 2009, à Philadelphie (USA), un cirque a pris feu et un éléphant a failli perdre la vie. Heureusement, un pompier l’a arrosé et le « pire » a été évité. Bien entendu le pompier est devenu une sorte de Zorro duquel les médias locaux se sont occupés pendant un ou deux jours, mais l’éléphant et sa condition n’ont pas soulevé la moindre inquiétude de la part des journaux ni de l’opinion publique.
Chaque militant de la cause animale pourra le confirmer, nous rencontrons tous les jours des gens qui disent adorer les animaux mais qui pourtant les mangent, s’en vêtissent, ou les sacrifient pour leurs études. Essayez un peu de dire à un(e) biologiste spécialisée dans la recherche contre le cancer que la vivisection est inutile et déviante ! Pourtant, vous avez de grandes probabilités de vous entendre dire par cette même personne qu’elle est contre la violence sur les animaux et qu’elle « ne supporterait pas de voir un animal souffrir » (sauf ceux qu’elle torture pour les besoins de la science?), point de vue tristement répandu qui consiste à considérer les rongeurs comme du matériel de laboratoire et les animaux dits domestiques comme des compagnons ; et par extension, les animaux de ferme comme de la nourriture.
Un grand nombre de « spécialistes » persuade les jeunes chercheurs de la nécessité/efficacité de l’utilisation animale. Pour peu que certains professeurs aient un brin de charisme ou d’humour, le faux message passe sans problème.
Toujours parmi ceux qui ne supportent pas la violence sur animaux, on en remarque souvent qui adorent les cochons mais qui vous en informent en mangeant du saucisson, en faisant complètement abstraction du paradoxe.
Les gens mangent du veau ou du cheval mais se disent « radicalement contre toute cruauté animale ». La face cachée des abattoirs leur étant avantageusement inconnue, ils affirment être au courant que « souvent » les méthodes d’abattage sont cruelles…
Autre exemple, 90% des chinois seraient contre la violence sur les animaux.
En fait tout le monde est, de principe, contre la cruauté sur des innocents, pourtant le 90% des chinois n’est pas végétarien.
La priorité, encore une fois, serait de sortir les gens de l’ignorance, mais tout le monde n’a pas envie d’être réceptif, il y a trop de choses à remettre en question et cela effraie ou décourage.
L’UNESCO, de son coté, est consciencieusement en train de décider si oui ou non la corrida doit être intégrée au patrimoine culturel mondial.
Un sujet tout aussi grave: le trafic de chiens en Europe, régi par la mafia roumaine. Ces spéculateurs disposent de véritables usines à chiots, et les affaires marchent tellement bien que des usines supplémentaires ont dû être ouvertes en Hongrie. Ils disposent de femelles qu’ils font se reproduire sans répit jusqu’à la mort, ensuite ils envoient les chiots dans les grandes villes européennes en les transportant dans des coffres de voiture. Le 30% arrive mort à destination, à cause du froid et de la faim, mais ce commerce reste quand-même hautement lucratif, dépassant les 100 millions € de chiffre d’affaire.
Ensuite le gouvernement roumain se charge de rapatrier les émigrés et leur donne 300 € chacun, qui vont s’ajouter aux 200 de la vente d’un chien. En d’autres termes, 500 € pour aller faire un tour dans un ville étrangère.
Il s’agit du deuxième marché le plus rentable du continent, après celui de la drogue.
Les baleines n’ont toujours pas de répit, les japonais disent depuis 40 ans que la capture des cachalots est nécessaire à la science (nous avons vu laquelle) et il n’y a pas un organisme au monde qui se positionne clairement contre ce mensonge. Pourquoi ?
Six siècles avant Jésus, sous l’Empire Romain, avaient déjà lieu des manifestations de protection animale, notamment en défense des chevaux et des animaux de ferme (comme il n’y avait pas encore de voitures ni de machines, ils étaient lourdement surexploités), ainsi que des animaux sacrifiés lors de rites religieux.
26 siècles plus tard, nous voilà encore en train de manifester.
Socrate, Platon, Léonard de Vinci, Gandhi, Albert Einstein, Confucius, tous étaient végétariens et défendaient les animaux. Ce sont certains des plus grands penseurs de tous les temps, pourtant à chaque fois que l’on parle de leur œuvre, on « oublie » de citer leur position animaliste.
Etrange, non ?
Que faire ?
Hormis le fait, mentionné plus haut, d’informer votre entourage de tout ce qui vient d’être dit, nous disposons d’un large éventail de démarches pouvant servir à faire évoluer les consciences. Cela-dit, toute initiative n’est pas toujours conseillable, pouvant même aller jusqu’à desservir nos intentions sans que l’on s’en aperçoive.
Tout d’abord, attention au caractère extrêmement ambigu de certaines pétitions. Par exemple, on condamne la castration à vif des cochons, de manière à obtenir celle sous anesthésie.
Le texte de la pétition online relative à cette tentative de réforme tient d’entrée des propos honteux: « Ne pas castrer les porcs est préférable pour les fermiers et pour l’environnement: les cochons […] ont un meilleur rapport viande/graisse », et encore « En abattant les truies de masses supérieures, on peut compenser le rapport de viande ». Comment peut-on imaginer une seule seconde que nous faisons là de la protection animale ?
Cette pétition ressemble à celles, tout aussi bizarres, qui proposent de meilleures conditions de détention pour les animaux dans les fermes, ou pour ceux emprisonnés dans les laboratoires. Ces animaux sont torturés et tués, en quoi le fait qu’on leur mette des coussins en soie dans leurs cages serait à considérer comme un progrès ? Il serait nettement préférable de les sortir de là. Pas illégalement, certes, mais par des lois.
Lorsqu’on lit qu’il faudrait suivre en ce sens l’exemple de la Suisse, il est difficile de ne pas sourire! Ce Pays est le quartier général du lobby pharmaceutique, se battant depuis toujours pour que la vivisection ne soit jamais interdite et très peu surveillée. C’est également le plus grand vendeur d’armes au monde, mais ne prend jamais part aux conflits internationaux.
Et le foie-gras est bien interdit en Israël, pourtant lors de certaines fêtes locales les moutons y passent de mauvais quarts d’heures. En mars 2010, le projet de loi visant à interdire la fourrure dans cet Etat n’a pas abouti, principalement à cause des pressions exercées par le Canada, inquiet de voir son marché de la peau de phoque s’écrouler.
La vérité est qu’il faut absolument créer des lois mondiales de protection animale, nous ne devons pas nous contenter de petites règles « en attendant » des jours meilleurs. En signant des pétitions visant à une simple amélioration des conditions de vie d’animaux surexploités, on ne fait que repousser indéfiniment un changement concret.
Si l’on signe pour que les animaux dans les fermes soient mieux traités, les spéculateurs auront un argument en acier pour ensuite nous dire, à notre moindre revendication: « Ecoutez, nous avons déjà fait énormément d’efforts, alors que voulez-vous de plus maintenant ? Ceci est notre métier, vous pouvez quand-même comprendre ça, non ? », etc.
Comme dit le proverbe, le mieux est l’ennemi du bien. Amélioration ne veut pas dire abolition, le changement ne peut pas avoir lieu par des pétitions comme celles décrites ici-haut.
Il est important de comprendre que « réduire leur souffrance » est un concept devenu quasiment abstrait, car en faisant ainsi nous ne réduisons rien, mais nous diluons la souffrance animale à l’infini.
Les cochons, hélas, n’en sont plus à la castration près. Certes, le fait d’obtenir une anesthésie les aiderait à moins souffrir. Mais est-ce qu’il y a vraiment un « moins » dans le genre de non-vie qu’on leur fait mener ?
Ce discours peut sembler cynique, on voit bien là que ce n’est pas l’auteur de ces lignes qui est dans une cage à attendre qu’on le massacre. Pourtant il faut tenir bon, et n’exiger que des réformes tangibles et non provisoires. Il faut essayer de voir grand, car la stratégie « à petits pas » a prouvé au fil des siècles qu’elle ne marchait pas.
Et surtout, soyons abolitionnistes et non révisionnistes/welfaristes: au stade où nous en sommes, les compromis ne servent plus à rien. Les animaux souffrent et meurent à chaque instant à cause de l’homme, il n’y a donc aucun terrain d’entente à envisager avec les exploitants.
Il est peu utile, hormis pour son impact emblématique, d’abolir la corrida si les taureaux deviennent des steaks. Ce n’est pas la corrida en elle-même qu’il faut alors abolir, c’est l’abus d’animaux au sens large. Idem pour les cochons: stopper la production de jambons et saucisses ne sert qu’à moitié si ensuite les cochons se retrouvent dans les universités pour l’apprentissage chirurgical inutile, déviant, et cruel des étudiants en cardiologie. Sans compter l’insuline porcine que l’on extrait de leur organisme pour soigner les diabétiques ; pourtant, une excellente insuline artificielle existe depuis maintenant plusieurs années, proposant par ailleurs l’avantage de ne pas contenir les impuretés dont l’insuline de cochon a parfois fait cadeau à l’homme.
Même topo pour les visons, desquels on extrait la substance qui devient ensuite le liquide anesthésique. Quant à l’autre utilisation de cet animal, elle n’est que trop connue.
Et les lapins ? En interdire la fourrure ne voudrait pas dire qu’on arrêterait d’en servir dans les restaurants, ni que l’on cesserait d’en utiliser dans les laboratoires de vivisection. Verdict: il faut protéger le lapin des différents abus qu’il subit, ceux-ci ne s’excluant pas entre eux.
Pour en revenir un instant au tableau international, l’Europe et les USA privent l’Afrique de son blé et de son soja, cela pour sur-nourrir nos vaches afin d’en obtenir des steaks plus gros. Steaks qui finiront dans les assiettes de 12% seulement de la population mondiale, c’est à dire ceux qui peuvent se les acheter. Mais ensuite, comble de l’ironie, on nous montre à la télévision les enfants africains qui pleurent de faim, et qui ont le ventre rempli d’air. « Envoyez vos dons »…
Mais quels dons ? Ne serait-il pas plus juste qu’on laisse à ces Pays leurs ressources naturelles ?
Rien que par solidarité pour ces populations, et sans forcément passer par la case animale, il y a là une très bonne raison de ne plus manger de viande.
A propos, vous êtes-vous déjà posé cette question: pourquoi les USA « offrent » sans cesse des médicaments aux africains au lieu de leur donner de l’eau ? Ce serait pourtant moins cher et beaucoup plus utile.
Il faut le savoir: les invendus alimentaires de l’occident pourraient nourrir chaque année QUATRE fois les populations affamées (UNE serait bien entendu déjà suffisante), pourtant ce surplus de nourriture est systématiquement détruit. Pourquoi ?
Finalement, notre but à tous doit être le changement radical des mœurs vis-à-vis des animaux. Les changements mentaux, académiques, administratifs et protocolaires qui en suivraient impliqueraient nécessairement la fin des établissements d’exploitation animale, de toute nature.
Les mœurs étant contrôlables avec l’argent et/ou le pouvoir, cette mission s’en retrouve parsemée d’obstacles. Sachez toutefois que vous êtes en droit d’obtenir des rendez-vous au Sénat et à l’Assemblée Nationale. Visez à faire valider les méthodes scientifiques substitutives (n’impliquant pas d’animaux), ainsi qu’à répartir de manière plus équitable les investissements gouvernementaux destinés à la recherche médicale. Encore une fois, les députés sont censés représenter le peuple et doivent l’écouter. Le fait de les rencontrer et de leur montrer que l’on sait très bien de quoi on parle est extrêmement important: cela leur permet de réaliser que si une majorité de gens en sait autant sur les manigances des lobbies agroalimentaires et chimico-pharmaceutiques, leur immense toile de mensonges ne durera pas pour toujours.
Liens
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