La dissection ou l’apprentissage de la désensibilisation des étudiants

Cours d’anatomie et de physiologie au lycée Montgomery Blair, Silver Spring, Maryland, Etats-Unis  

Sous le scalpel du Professeur Haig : un chat mort. Un de ses yeux est entrouvert, sa langue pend hors de sa gueule. Autour, les étudiants sourient et ricanent nerveusement. Le programme d’aujourd’hui: identifier différents muscles d’un chat disséqué.

Pendant que le professeur fait sa démonstration, Alyssa et d’autres élèves sortent leur chat d’un sac et le mettent sur une table. Tout près se trouve une boîte remplie de tout un éventail d’instruments tranchants. Avant même d’avoir eu le temps de les utiliser, Alyssa frissonne de dégoût en disant : « J’ai déjà plein de truc de chat sur mes mains« .

Dans un coin au fond, deux autres élèves s’affairent autour de leur cadavre de chat. L’un d’eux, avec quelque réticence, coupe et écarte les tissus qui recouvrent les muscles de l’abdomen, tandis que l’autre maintient l’animal en place. »

L’autre étudiant, Alvarez Lane, gère ce qu’il appelle le « traumatisme » que cause la dissection d’un chat, en lançant des plaisanteries telles que :  » ce chat ressemble à celui de ma tante, qui est mort. Peut-être que c’est lui. »

Pendant que son camarade prend une pause, Alvarez Lane joue avec la langue du chat . « C’est frais, » fait-il remarquer.

Le professeur Leslie Van rencontre ce type d’attitude tout le temps et cite en exemple le cas d’un élève tenant les pattes antérieures d’un chat mort destiné à la dissection et lui faisant exécuter un pas de danse lors d’une sérénade, pour une camarade de classe.

Pour Leslie Van, le choix du chat comme animal à disséquer est judicieux : pratique, car de petite taille, bon marché (autour de 50 dollars) et doté d’une anatomie proche de la nôtre. 100 000 sont ainsi disséqués chaque année aux seuls Etats-Unis.

De son côté, Dan James, vice-président chargé du développement à la Caroline Biological Supply Company, entreprise qui approvisionne le lycée en chats, déclare qu’il se fournit dans un refuge mexicain et que ces animaux étant soit morts, soit sur le point d’être euthanasiés, ne plus disséquer les chats dans les lycées ne changerait rien à leur sort.

Dan James ne précise évidemment pas que, si les animaux sont plus rentables morts que vivants, ils risquent d’être plus souvent  » sur le point d’être euthanasiés  » que proposés à l’adoption !

Selon le professeur Van, bien que certains étudiants craignent au départ de disséquer des chats, la majorité finit, au fur et à mesure que la dissection se poursuit, par y prendre part. Ceci illustre tristement ce que dit Jamie Aitchison , porte-parole de la National Anti-Vivisection Society (NAVS) :  » la dissection insensibilise et anesthésie le sentiment de compassion envers les animaux « .

Avec la dissection, ce n’est pas que l’anatomie qui est enseignée mais aussi l’indifférence et le mépris des animaux, matières qu’ils auront tôt fait d’assimiler.

Inspiration : un article du Silver Chips Online, journal du Lycée Montgomery Blair, Silver Spring, Maryland, Etats-Unis, du 14 mars 2005.

 

 

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