Les expériences sur les animaux sérieusement mises en cause
Une analyse fouillée fait apparaître de grosses lacunes dans ces études
BRUXELLES – La polémique ne sera pas tranchée, mais il s’agit d’une importante contribution au débat qui oppose les tenants de l’expérimentation animale – dans le cadre du développement de traitements à usage humain – à ceux qui y sont formellement opposés.
L’étude a été conduite par deux chercheurs britanniques, attachés aux universités de Bristol et d’Edimbourg. Après avoir passé en revue un éventail de travaux portant sur la fiabilité des études réalisées sur les animaux, ils ont tiré des conclusions pour le moins sévères (leur synthèse est publiée dans la dernière livraison du British Medical Journal).
Premier constat: des affirmations telles que «les recherches sur l’animal s’imposent d’elles-mêmes» ou «l’expérimentation animale constitue une méthode valable qui a fait ses preuves au fil du temps» ne reposent que «sur des données anecdotiques et des approches sans fondement».
Tout en s’interrogeant sur l’utilité de recourir aux animaux afin de cerner les propriétés de certaines molécules et leur application thérapeutique chez l’homme, les auteurs, liés à un groupe qui prône l’examen systématique des études sur l’animal, estiment que ces expériences sont souvent conduites en dépit du bon sens. Certaines sont réalisées en même temps que des études cliniques sur l’homme, d’autres… après, beaucoup ne répondent pas aux mêmes critères de sévérité que ceux imposés aux recherches sur l’homme, alors que pas mal d’entre elles ne permettent d’aboutir à… aucune conclusion en ce qui concerne l’action du médicament sur l’organisme humain.
«La question de la contribution de l’expérimentation animale à la pratique médicale requiert une évaluation urgente», soulignent ces spécialistes britanniques. Qui pointent un éventail de défaillances: disparité dans le choix des espèces animales, différents modes d’induction des pathologies, variations dans le dosage des médicaments testés, groupes d’expérimentation trop réduits, nuances entre les techniques des différents laboratoires… En un mot, ils ont le sentiment que ça part dans tous les sens. Pour autant qu’elles s’imposent, les expériences sur l’animal demanderaient davantage de rigueur.
J. M.
© La Dernière Heure 2004
Avec l’aimable autorisation de la Dernière Heure.