L’expérimentation animale n’est pas abolie en Inde

On aimerait bien, mais non : l’expérimentation animale n’est pas abolie en Inde.

Elle y est juste en voie de réduction. Et c’est déjà un début…

Les mesures adoptées récemment interdisent de disséquer des animaux à des fins éducatives mais ne remettent pas fondamentalement en cause les pratiques de l’industrie. Le secteur se veut d’ailleurs incontournable et tente de jouer sur tous les tableaux, comme le montre son investissement à l’occasion du 24 avril, Journée Mondiale pour les Animaux dans les Laboratoires (!)

Voici deux traductions d’articles récents publiés par la presse indienne pour tenter d’y voir plus clair…

Traduction de la page http://m.timesofindia.com/PDATOI/articleshow/12859184.cms

À quand la fin de l’expérimentation animale ?

The Times of India – 25 avril 2012

Hyderabad (Inde) : L’Institut national de la nutrition (NIN) a été ce mardi 24 avril le théâtre d’une confrontation d’idées à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale des animaux dans les laboratoires.

Si V. M. Katoch, Directeur général du Conseil indien pour la recherche médicale (ICMR) et secrétaire de la Direction Recherche et santé du gouvernement, a fustigé dans son discours la contestation de l’utilisation des animaux pour la recherche médicale, la militante pour les droits des animaux Amala Akkineni a exprimé avec tout autant de fougue son hostilité à cette pratique. A. Akkineni estime qu’il faut à terme arrêter complètement d’utiliser des animaux de laboratoire et que les sociétés pharmaceutiques doivent se tourner vers la technologie pour tester les médicaments.

L’une et l’autre ont participé au symposium national « Sciences et techniques de l’animal de laboratoire au nouveau millénaire – Enjeux et solutions » organisé par le Centre national de Sciences et techniques de l’animal de laboratoire, NIN, ICMR, et l’association indienne des Sciences et techniques de l’animal de laboratoire (LASAI).

M. Katoch a estimé que les gens qui se vendent littéralement pour tester des médicaments dans le cadre d’essais cliniques sur l’homme se rendent également complices de pratiques coupables contraires à l’éthique en masquant le fait qu’ils reçoivent de l’argent. Concernant les médicaments testés sur des animaux de laboratoire, M. Katoch a considéré que la nécessaire protection des droits des animaux est une affaire politique : « Les animaux ne doivent pas être exploités mais, en même temps, il est déplacé de critiquer cette pratique. »

Amala Akkineni de Blue Cross Hyderabad et de la Fédération des organisations indiennes de protection des animaux a prôné l’arrêt de l’expérimentation animale et l’utilisation des nouvelles technologies pour réaliser les expériences. Elle a fait valoir que les entreprises pharmaceutiques occidentales investissent des sommes colossales en recherche et développement de super-ordinateurs qui seraient utiles pour tester les médicaments sans recourir aux animaux : « Les entreprises pharmaceutiques indiennes devraient suivre cet exemple car cette solution serait par ailleurs économique ».

Depuis que l’Europe les a interdits dans ses laboratoires, les tests cosmétiques sur les animaux sont sous-traités à l’Inde, pays qui gagnerait, selon elle, à imposer le même type d’interdiction.

Pour B. Sesikeran, directeur de NIN, l’utilisation des animaux de laboratoire pour la recherche est appelée à diminuer à terme.

Anjani Kumar, directeur du Conseil indien pour la protection des animaux (AWBI) et membre-secrétaire du Comité de contrôle et de surveillance des expériences sur les animaux (CPCSEA) a rappelé la circulaire publiée par les autorités pour éviter les expériences sur des animaux vivants jusqu’aux études de premier cycle.

M. Katoch a déclaré ultérieurement aux journalistes que la nouvelle politique de santé prévoit la possibilité de poursuivre les comités d’éthique sur les tests de médicaments en cas d’exploitation de sujets humains. Il a même été proposé que les membres des comités d’éthique soient passibles de peines d’emprisonnement.

M. Katoch a admis qu’une telle perspective risquait effectivement de poser un « problème » si plus personne ne se porte volontaire pour intégrer les comités d’éthique par crainte d’être incarcéré en cas de pépin.

Interrogé sur les sujets humains qui ont été exploités pour des tests de médicaments dans l’État de l’Andhra Pradesh, il a répondu que l’enquête avait montré que ces tests n’avaient pas été correctement encadrés et qu’il n’y avait pas eu de faute intentionnelle même s’il aurait fallu prendre des mesures correctives.

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L’expérimentation animale a encore de beaux jours

The Asian Age – 25 avril 2012

Même si les défenseurs des animaux appellent à l’arrêt de l’expérimentation animale, les modèles animaux basés sur des superordinateurs pour remplacer les animaux de laboratoire sont encore loin d’être une réalité. Des animaux continueront donc à être utilisés pour les tests de médicaments jusqu’à l’apparition d’alternatives viables. À l’occasion des manifestations organisées à l’Institut national de la nutrition (NIN) dans le cadre de la Journée mondiale des animaux dans les laboratoires, le Dr Anjani Kumar, directeur de la division Protection animale auprès du ministère de l’Environnement et des Forêts a estimé que si l’on espère effectivement pouvoir reproduire un jour de manière virtuelle les fonctions du corps humain grâce à des super-ordinateurs et à des modèles basés sur l’ADN pour tester les médicaments, cette perspective semble pour le moment improbable.

« Une approche en plusieurs volets dans la mise au point de médicaments devrait par ailleurs voir le jour et doit éviter l’utilisation des animaux. Par exemple, une tendance à traiter les maladies par des bioprotéines pourrait à l’avenir rendre redondante la procédure actuelle de mise au point de médicaments. Actuellement, nous devons suivre le scénario mondial et utiliser des animaux de laboratoire. »

Les défenseurs locaux des animaux ont appelé à remplacer les animaux de laboratoire par des alternatives informatisées. Secrétaire du groupe local de défense des animaux Bharatiya Prani Mitra Sangh, Mahesh Agarwal a déclaré ne pas voir de nouvelle technologie remplacer l’utilisation des animaux dans les laboratoires. Tant qu’il n’y en a pas, il semble donc vain de faire pression pour interdire la méthode, ce qui aurait de lourdes conséquences sur la mise au point de nouveaux médicaments. Selon lui, il faut en attendant traiter les animaux avec soin et moins de cruauté.

Le Dr Kumar a remercié les militants pour les droits des animaux à travers le monde pour leur rôle actif dans la sensibilisation du plus grand nombre contre la maltraitance des animaux pour la recherche médicale, tout en ajoutant que beaucoup reste à faire néanmoins. La Loi sur les médicaments et les produits cosmétiques doit notamment être modifiée pour sanctionner sévèrement les auteurs de maltraitances envers les animaux de laboratoire. « Si d’une manière ou d’une autre les législations en vigueur ne sont pas respectées, nous veillerons à ce que l’étude soit invalidée et à ce que les auteurs des infractions rendent des comptes » a-t-il prévenu.

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