50 ANS DE VÉGANISME POUR LES ANIMAUX

RONNIE LEE : 50 ANS DE VÉGANISME POUR LES ANIMAUX

(English version below)

Voici un entretien réalisé courant mars 2022 avec Ronnie Lee, cofondateur de l’ALF britannique dans les années 1970, qui s’est toujours investi sans compter dans la cause des animaux et qui fête en 2022 ses 50 ans de véganisme.

Alors comme ça Ronnie, vous êtes vegan depuis début 1972 ?

Oui, je ne me souviens pas de la date exacte, mais c’est au début du printemps 1972 que je suis devenu vegan.

Pour quelles raisons êtes-vous devenu vegan ?

Parce que je ne voulais pas participer à l’oppression d’autres animaux par les humains.

Était-il facile d’être vegan dans les années 1970 en Grande-Bretagne, notamment au niveau social, alimentaire et vestimentaire ?

Il était plus facile d’être vegan que d’être à la place des autres animaux, tout cela parce que les gens n’étaient pas vegan !

C’était néanmoins beaucoup plus difficile de vivre en tant que vegan à cette époque que maintenant.

Si peu de gens étaient vegan que ces derniers étaient considérés comme des personnes bizarres par les membres « ordinaires » de la société.

Les relations sociales posaient problème car il était très difficile de trouver des repas adaptés aux vegans dans les cafés et les restaurants.

Il n’était pas non plus facile d’acheter des produits alimentaires adaptés aux vegans car de nombreux produits, dont le pain, qui contiennent aujourd’hui de l’huile végétale, contenaient à la place de la graisse animale.

En outre, au début des années 1970, les fabricants de produits alimentaires n’étaient pas tenus d’indiquer les ingrédients sur leurs produits si bien qu’il était souvent difficile de savoir si ces produits étaient vegan ou non.

Il était également plus difficile de trouver des vêtements qui n’étaient pas fabriqués à partir de produits animaux, surtout les pulls, les pantalons, les vestes, les manteaux et les chaussures.

Avez-vous une idée du nombre de vegans pour des raisons éthiques au Royaume-Uni et ailleurs dans le monde dans les années 70/80/90 ?

Aucune idée, mais ils étaient certainement beaucoup moins nombreux qu’aujourd’hui.

Y avait-il un mouvement vegan organisé dans les années 70 en Grande-Bretagne, un pays considéré comme le berceau historique du mouvement vegan et de la libération animale ?

Non, il n’y en avait pas. Il y avait juste la célèbre association Vegan Society qui proposait de l’aide et des conseils aux vegans et à ceux qui voulaient devenir vegan, mais il ne s’agissait pas d’une organisation qui menait des campagnes.

Il semble que la sensibilisation au véganisme n’était pas à l’ordre du jour du mouvement pour les animaux dans ces années-là et que la priorité était aux campagnes thématiques (légales et illégales). Pourquoi cela ?

Avant les années 1970, le mouvement était composé d’organisations nationales qui faisaient campagne sur des sujets uniques (chasse à courre, vivisection, fourrure,…).

Le mouvement est devenu plus militant et plus populaire au cours des années 1970, mais il a continué à faire campagne sur les mêmes sujets.

La situation aurait pu être différente si la Vegan Society avait été davantage une organisation menant des campagnes avant les années 1970 car cela aurait pu permettre à la base militante de mener des actions de sensibilisation au véganisme dès les années 1970.

Était-il facile de vivre en tant que vegan durant les différentes peines de prison que vous ont été infligées pour vos activités en faveur de la libération des animaux ?

Pendant mes deux premières peines de prison, les autorités pénitentiaires n’étaient pas contraintes de fournir des repas vegan, mais elles l’ont fait pour moi après la grève de la faim que j’ai faite dès le début de ma première peine, et ce jusqu’à ce qu’elles me fournissent un régime vegan adéquat.

La situation s’est nettement améliorée au cours de ma troisième peine de prison (plus de 6 ans et demi) car les autorités avaient alors adopté un règlement stipulant que tout prisonnier membre de la Vegan Society devait bénéficier d’un régime vegan.

En ce qui concerne les produits de toilette vegan et non testés sur les animaux, j’ai été autorisé à me les faire envoyer tout au long de mes peines de prison.

Comment expliquez-vous le développement massif et assez récent du véganisme dans le monde, y compris en France ?

Pendant de nombreuses années, lorsque le nombre de vegans était très faible, les gens hésitaient à devenir vegan par peur d’être considérés comme des gens bizarres. Puis le nombre de vegans a progressivement augmenté jusqu’à un niveau où il n’était plus si bizarre que cela d’être vegan, si bien que beaucoup plus de gens sont soudainement devenus vegan.

Les entreprises ont alors fabriqué beaucoup plus de produits vegan afin de profiter financièrement du nombre croissant de vegans, ce qui a permis aux gens de vivre plus facilement en tant que vegans et a conduit à une nouvelle croissance du véganisme.

Comment vous sentez-vous aujourd’hui ? Êtes-vous positif et optimiste quant à l’avenir du véganisme et donc de la libération des animaux et de la planète ?

Je suis ravi que le véganisme se soit tant développé, mais nous devons nous rappeler que le nombre d’animaux qui souffrent et meurent à cause des agissements humains augmente aussi.

Je pense que le véganisme va continuer à se développer, mais je ne sais pas si cela sera suffisant pour parvenir à la libération des animaux.

Je ne suis ni optimiste ni pessimiste. Je fais simplement de mon mieux pour éduquer les autres à devenir vegan et pour encourager les autres vegans à s’impliquer dans des actions de sensibilisation.

Justement, quel est votre investissement actuel pour continuer à promouvoir le véganisme ?

En fait, je suis impliqué dans deux projets majeurs.

Premièrement, en tant que coordinateur de mon groupe vegan local, j’organise et je lance diverses activités de sensibilisation au véganisme dans le but d’éduquer le plus grand nombre possible de personnes de notre région à devenir vegan.

Deuxièmement, je mets en avant ce que nous faisons localement pour encourager les vegans d’ailleurs à faire de même dans leur propre région.

Quels sont vos meilleurs conseils pour la nouvelle génération de vegans désireux d’aider les animaux ?

Je dirais de faire tout leur possible pour éduquer et encourager les autres à devenir vegan dès que l’occasion se présente.

Quelles sont, selon vous, les priorités pour développer un véganisme de masse et parvenir à la libération des animaux ?

Nous avons besoin de beaucoup plus d’éducation au véganisme, et ce pour deux raisons.

Tout d’abord pour qu’un nombre beaucoup plus important de vegans permette de réduire massivement la demande de produits animaux et d’autres formes d’oppression des animaux, ce qui conduira à une réduction considérable de la souffrance et du massacre des animaux non humains.

Et aussi pour que plus de vegans deviennent des politiciens et pour qu’il y ait plus de vegans pour porter ces politiciens vegan au pouvoir afin qu’ ils puissent faire passer des lois pour abolir toutes les formes d’oppression des animaux.

Pour qu’il y ait suffisamment d’éducation au véganisme et obtenir la libération des animaux, il faut que beaucoup plus de vegans s’investissent dans l’éducation au véganisme et, plus important encore, que beaucoup plus de vegans deviennent des organisateurs et promoteurs d’actions de sensibilisation au véganisme dans leur région afin que cette sensibilisation ait lieu souvent et partout.

Respect à vous pour votre investissement sans faille pour la cause des animaux depuis les années 1970 et prenez soin de vous.

International Campaigns

An inspirational and recent interview (March 2022) with Ronnie Lee who cofounded the British ALF in the Seventies and who has been working tirelessly for animal liberation ever since and is celebrating his 50th Veganniversary in 2022.

So Ronnie you are a vegan since early 1972?

Yes, I don’t remember the exact date, but it was early spring in 1972 when I became vegan.

What are the reasons you became a vegan? 

Because I didn’t want to be part of the oppression of other animals by humans.

Was it easy to be a vegan in the 1970s in Britain especially regarding social/food/clothing aspects?

It was easier to be vegan than it was for other animals if people weren’t vegan! 

It was a lot more difficult to live as a vegan then than it is now though.

So few other people were vegan that vegans were very much regarded as oddities by “ordinary” members of society.

Socialising was a problem because it was very difficult to find meals in cafés and restaurants that were suitable for vegans.

Buying food products suitable for vegans wasn’t easy either, as many things, such as bread, that now contain vegetable oil contained animal fat instead. 

Also, in the early seventies, food manufacturers weren’t required to list the ingredients on their products, so it was often difficult to tell whether such products were vegan or not.

It was also more difficult to find clothing that was not made from animal products, especially in relation to things like jumpers, trousers, jackets, coats and shoes.

Any idea on the number of ethical vegans in the UK and elsewhere/in the world in those years (70s/80s/90s)?

No idea, but it was certainly much fewer than there are today. 

Was there any organized vegan movement in the 1970s in Britain a country which is considered as the historical cradle of the vegan and animal liberation movement?

No there wasn’t. There was just the Vegan Society that offered help and advice to vegans and those wanting to become vegan, but wasn’t a campaigning organisation.

It seems vegan outreach was not on the agenda of the animal movement in those years and the focus was on single-issue (legal and illegal) campaigns. Why?

Prior to the 1970s the movement consisted of national organisations that campaigned on single issues. The movement became more militant and more grassroots during the 1970s, but carried on campaigning on the same single issues. It may have been different had the Vegan Society been more of a campaigning organisation prior to the 1970s, as that could have resulted in outreach taking place at a grassroots level from the 1970s onwards.

Was it easy to live as a vegan during the several prison terms you received for your animal liberation activities?

During my first and second prison terms, there was no requirement for the prison authorities to provide vegan meals, but they did so for me after I went on hunger strike at the beginning of my first sentence until they provided me with an adequate vegan diet.

It was much better during my third prison term, because by then they had adopted a regulation that any prisoner who was a member of the Vegan Society should be provided with a vegan diet.

With regard to vegan and non animal tested toiletries, on all of my prison sentences I was allowed to have those sent in to me.

How can you explain the fairly recent massive development of veganism worldwide including in France? 

For many years, when the number of vegans was very small, people were reluctant to become vegan out of fear of being viewed as strange. Then, eventually, the number of vegans gradually increased to a level where it was no longer so strange, and so a lot more people suddenly became vegan.

This resulted in companies producing a lot more vegan products, so as to gain financially from the increasing number of vegans, which made it easier for people to live as vegans and so caused a further upsurge in veganism.

How do you feel today? Are you positive and optimistic regarding the future of veganism and therefore of animal liberation and the planet?

I’m pleased that veganism has increased so much, but we need to remember that the number of other animals that suffer and die because of the actions of humans is also increasing.

I think veganism will continue to increase, but I don’t know whether or not it will increase enough for animal liberation to be achieved.

I feel neither optimistic nor pessimistic. I just do my best to educate others to go vegan and to encourage other vegans to get involved in outreach.

What are your current plans and projects to keep on promoting veganism yourself?

Basically, I’m involved in two main projects.

Firstly, as co-ordinator of my local vegan group, I am organising and instigating various vegan outreach activities with the object of educating as many people in our area as possible to go vegan.

Secondly, I am using the example of what we are doing locally to encourage vegans elsewhere to do the same in their own local areas.

What are your best advice for the new generation of vegans willing to help animals?

I would say to do their utmost to educate and encourage others to become vegan at every opportunity.

What are according to you the priorities to secure mass veganism and achieve animal liberation?

We need a lot more vegan education for two reasons.

Firstly, so that a much greater number of vegans will massively reduce the demand for animal products and other forms of animal oppression, so leading to a huge reduction in the suffering and slaughter of non-human animals.

Secondly, so that more vegans become politicians and there are more vegans to vote those vegan politicians into power, where they can pass legislation to abolish all forms of animal oppression.

In order for there to be enough vegan education to achieve animal liberation, a lot more vegans need to become educators, and even more importantly, a lot more vegans need to become the organisers and instigators of vegan outreach in their local areas, so that such outreach happens often and happens everywhere.

Respect for all what you have been doing for the animals since the seventies and take care.

International Campaigns

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